Le fonctionnement du cerveau est un mécanisme très complexe, et la manière dont il s’active peut différer pour une seule et même tâche, mais avec des paramètres que l’on n’estime que légèrement différents. En fait, il a été montré qu’en comptant simplement au-delà de « 4 », quelque chose d’étrange se passe dans le cerveau.
Comment le cerveau traite-t-il les nombres ?
Lorsque deux, trois ou quatre pommes sont placées devant nous, nous sommes capables de reconnaître très rapidement le nombre de pommes, sans avoir besoin de compter. Cependant, nous avons besoin de plus de temps s’il y a cinq pommes ou plus, et plus il y a de pommes, plus il y a de chances de donner le mauvais nombre. Il faut savoir que c’est un phénomène tout à fait normal, et il ne s’agit en rien d’un indicateur du niveau d’intelligence d’un individu. En fait, si une personne a plus de mal à compter au-delà de « 4 », c’est tout simplement parce que le cerveau traite différemment les grands et les petits nombres.
Cela a été démontré dans une étude de l’université de Tübingen, de l’université de Bonn et de l’hôpital universitaire de Bonn, tous trois en Allemagne. En effet, d’après les résultats de l’étude publiée dans la revue Nature Human Behaviour, le cerveau humain dispose de deux manières distinctes de traiter un nombre : un système pour des quantités inférieures ou égales à « 4 », et un autre système pour celles supérieures à « 4 ». Cette capacité est connue sous le nom de « subitisation », un terme qui fait essentiellement la différence entre le comptage et l’estimation.
Un mécanisme spécial pour le traitement des grands nombres
Notons que des études antérieures ont déjà démontré que le cerveau possède des cellules nerveuses responsables de chaque nombre, certaines cellules nerveuses se déclenchant de manière sélective en réponse à certaines quantités. Cependant, les chercheurs ont remarqué que beaucoup de ces neurones se déclenchent également en réponse à des nombres légèrement plus petits ou plus grands, avec une réaction plus faible pour des quantités plus éloignées de leur objectif numérique. Des recherches antérieures ont révélé que ce type d’effet de distance numérique se produit également chez les singes.
Cependant, chez les humains, cela ne se produit généralement que lorsque nous voyons cinq choses ou plus, ce qui laisse entrevoir une différence non découverte dans la façon dont nous identifions des nombres plus petits. Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont inséré des microélectrodes aussi fines qu’un cheveu humain dans le lobe temporal de 17 individus. Cela a permis de mesurer la réaction de cellules nerveuses individuelles de chaque participant à des stimuli visuels. Les participants au test ont ensuite été invités à regarder un écran sur lequel différents nombres de points apparaissaient pendant une demi-seconde.
Il a été demandé aux participants d’indiquer s’ils avaient vu un nombre pair ou impair de points. Ils ont pu réagir très rapidement et n’ont commis pratiquement aucune erreur jusqu’à quatre points. Après cela, le nombre d’erreurs a augmenté avec le nombre de points, tout comme le temps de réflexion dont les participants avaient besoin pour accomplir leur tâche. Cela a ainsi confirmé que le cerveau traite les différents nombres différemment. Cette étude offre également de nouveaux indices sur la mécanique du cerveau, révélant des détails sur la façon dont nous traitons les chiffres. C’est important, car cela pourrait expliquer pourquoi certaines personnes ont du mal à compter.