
Qui n’a jamais ressenti cette soudaine illumination après des heures passées à chercher la solution d’un problème ? Ces instants de compréhension soudaine sont non seulement satisfaisants, mais également révélateurs de la manière dont notre cerveau stocke les souvenirs. Une étude récente, publiée dans Nature Communications, menée conjointement par des chercheurs allemands et américains, met en lumière l’impact de ces moments de clarté sur notre capacité à retenir l’information.
Étudier le cerveau en pleine illumination
Nous avons tous connu ce moment où, après avoir réfléchi longuement à un problème, la solution nous vient soudainement comme une évidence. Ce phénomène, souvent qualifié de moment « aha », est non seulement gratifiant sur le plan émotionnel, mais il semble également améliorer notre capacité à nous souvenir d’une découverte ou d’une idée.
Avec Tobias Sommer et Roberto Cabeza, ses collègues et co-auteurs, Maxi Becker, chercheur à l’université Humboldt de Berlin, a mené une étude impliquant 31 volontaires âgés de 19 à 33 ans. Les participants, allongés dans un scanner IRM, devaient résoudre des énigmes visuelles. L’équipe a utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour analyser l’activité cérébrale au moment où les participants trouvaient des solutions.
Les énigmes utilisées, appelées images de Mooney, consistent en des photographies en noir et blanc à fort contraste. Le défi est d’identifier l’objet représenté. Bien que simples, ces énigmes reproduisent les caractéristiques des moments de compréhension plus complexes, comme le souligne Roberto Cabeza.
« Grâce à cette méthode, nous pouvons observer comment l’activité cérébrale évolue, depuis la phase de confusion jusqu’à l’instant où tout devient clair », explique Becker.
Une mémoire amplifiée par la perspicacité
Mais la découverte la plus marquante réside dans l’effet que ces instants de perspicacité ont sur la mémoire à long terme. Après chaque énigme, les participants devaient indiquer si la solution leur était venue soudainement ou s’ils l’avaient trouvée de manière plus méthodique. Par la suite, certaines des mêmes images leur ont été montrées à nouveau pour évaluer leur capacité à s’en souvenir.
Les résultats de l’étude sont frappants : les participants se souvenaient bien mieux des solutions trouvées grâce à une inspiration soudaine que de celles obtenues par réflexion méthodique. Plus ils étaient convaincus de la justesse de leur éclair de lucidité, plus la solution leur restait en mémoire, même cinq jours plus tard. « Avoir un moment ‘aha !’ en apprenant quelque chose double presque la mémoire », affirme Cabeza. « Peu d’effets sur la mémoire sont aussi puissants. »
Selon Becker, cette différence de mémorisation est non seulement notable mais extrêmement cohérente entre les participants. « J’ai été étonné de la clarté des schémas que nous avons observés, surtout compte tenu de la complexité de la perception humaine », confie-t-il.
Vers une nouvelle approche de l’apprentissage
Maxi Becker insiste sur l’importance de ces résultats pour la compréhension et le soutien de l’apprentissage humain. Ces moments d’épiphanie, qui favorisent une meilleure rétention des connaissances, pourraient transformer les pratiques pédagogiques.
L’étude met en avant l’intérêt des approches éducatives qui encouragent les élèves à résoudre des problèmes, à affronter l’ambiguïté ou à explorer activement des idées. Ces méthodes, en suscitant des moments « aha », renforcent non seulement la mémoire, mais aussi la compréhension conceptuelle.
« Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ces résultats au-delà des problèmes visuels, nos conclusions soulignent le potentiel de l’apprentissage basé sur la compréhension comme outil puissant pour l’éducation », conclut Becker.
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