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La présence de casques bleus de l’ONU entre 2004 et 2017 aurait laissé des centaines d’enfants en Haïti — qui reste aujourd’hui un des pays les plus pauvres du monde —, suite à des actes sexuels avec des locaux initiés contre un peu d’argent ou juste un repas, selon une étude rapportée par The Conversation.

Une étude approfondie, sur un sujet qui entache la légitimité de l’ONU depuis 30 ans

Nommée « Ils mettent quelques pièces dans votre main pour déposer un bébé en vous » : une étude sur les enfants engendrés par des casques bleus en Haïti, citant un Haïtien interrogé dans son titre, l’étude est peut-être la plus détaillée sur les suites de la présence de l’ONU dans divers pays, tandis que des cas d’exploitation et de violences sexuelles ont été rapportés dans des missions pour la paix depuis 1990 notamment au Libéria, en Mozambique, en Afrique de l’Ouest, en République démocratique du Congo, en Érythrée et au Timor oriental, et en Haïti.

L’ONU est présente en Haïti depuis 2004, après la rébellion qui a renversé le président Jean-Bertrand Aristide, puis le terrible tremblement de terre de 2010. L’étude est le fruit de 2500 entretiens avec des Haïtiens d’horizons divers, interrogés sur la présence de l’ONU dans le pays et la cohabitation avec les casques bleus, sans faire mention de violences sexuelles. 265 récits (plus de 10 %), parfois concernant la personne interviewée, ont fait mention de tels agissements.

Des rapports sexuels contre de l’argent ou de la nourriture

« Des filles qui n’avaient pas plus de 11 ans étaient abusées sexuellement et mises enceintes » par les casques bleus, rapportent les deux auteures de l’étude, laissant ces femmes confrontées à la misère pour elle et leur enfant. Une partie de ces rapports ont été consentis, mais ces femmes se sont retrouvées seules quand les soldats ont été rapatriés, devant faire face à la précarité et parfois, à l’ostracisme de leur entourage : « Des recherches approfondies ont démontré que les enfants nés de la guerre sont souvent élevés dans des familles monoparentales, dans des contextes après-guerre de précarité économique. La conjonction du père étranger (absent) et de la naissance hors mariage, résulte souvent en stigmatisation et discrimination de l’enfant », écrivent les deux auteures. La mission de l’ONU, nommée MINUSTAH, s’est terminée en 2017, voyant le retour d’une grande majorité des troupes dans leur pays — la plupart des casques bleus concernés provenaient du Brésil et de l’Uruguay.

Des filles, des femmes mais aussi des garçons se voyaient donc offrir une petite somme d’argent, parfois même « juste pour de la nourriture, pour un repas » rapportait un homme de Port-Salut, contre une relation sexuelle. Il n’est pour l’instant pas possible de donner un chiffre précis, mais des centaines d’enfants auraient ainsi été conçus pendant la mission MINUSTAH entre 2004 et 2017.

Cette mission est par ailleurs considérée comme ayant été catastrophique pour le pays, pour des dizaines d’homicides involontaires de civils par les forces de l’ONU, et l’introduction du choléra après le tremblement de terre, qui aurait contaminé 800 000 locaux et tué 10 000.

À ce jour, aucun membre des troupes de l’ONU n’a été inquiété.

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Hope
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4 années

La faute aux gouvernants qui n’ont aucun respect pour leurs concitoyens. Si eux ne respectent pas personne ne respectera. Je déplore le fait que le côté bestial l’emporte sur la nature humaine quand ces actes odieux sont posés. À croire que ces personnes n’ont jamais eu de mère, de frère,… Lire la suite »