Évoluant dans une vallée reculée du parc national de la Serra da Capivara au Brésil, ces singes capucins barbus utilisent des pierres de quartz arrondies pour casser les noix de cajou sur les racines des arbres ou d’autres rochers. Sur place, les archéologues ont découvert des outils vieux d’environ 3 000 ans.

Une découverte fascinante

Si cette découverte n’est pas la plus ancienne preuve connue de l’utilisation d’outils par des primates (les chimpanzés de Côte d’Ivoire utilisent des outils en pierre depuis plus de 4 000 ans), les singes capucins évoluant dans cette zone depuis des millénaires ont la particularité unique d’avoir adapté leurs outils à leur environnement : les récentes fouilles archéologiques ont mis au jour 122 artefacts en pierre de différentes tailles, chacun d’eux étant destiné à ouvrir des aliments ou fruits de nature différente. Selon les auteurs de cette étude, il s’agit du premier exemple de ce type n’étant pas le fait de l’homme.

Les pierres les plus anciennes découvertes sur le site se révélaient relativement petites et légères et ne présentaient aucune trace de résidus de noix de cajou, ce qui pousse les scientifiques à penser que celles-ci étaient alors utilisées pour des aliments de taille plus réduite. Celles remontant à environ 300 ans étaient beaucoup plus massives, et laissent à penser que les primates les utilisaient alors pour ouvrir des fruits à coque dure. Selon les analyses effectuées, ce n’est qu’un siècle plus tard que les capucins ont commencé à utiliser des pierres spécialement adaptées à l’ouverture des cosses de noix de cajou.

Les capucins de la Serra da Capivara possèdent l’ensemble d’outils le plus complexe chez les primates néotropicaux. © Tiago Falótico/Wikimedia Commons/CC BY 4.0

Des outils adaptés

À l’heure actuelle, les scientifiques sont incapables de dire si l’évolution de ces outils est le fait d’un seul et même groupe de singes capucins, ou si ces objets de différentes tailles et formes ayant été abandonnés au fil du temps ont appartenu à différentes populations de primates s’étant installées dans cette zone au cours des trois derniers millénaires. Bien qu’ils ignorent également la raison première de ces changements d’outils, il est possible que les anacardiers (arbres produisant les noix de cajou) aient été autrefois moins répandus dans cette région.

Au fil des siècles, seule la taille des outils utilisés par les capucins (et non la technique de martelage employée) a évolué. Ce qui amène les auteurs de l’étude à conclure que, « bien que les capucins barbus aient utilisé une technique similaire pendant au moins 3 000 ans, ils ont employé des outils de différentes tailles à des fins distinctes ». Comme l’a précisé l’archéologue Tomos Proffitt : « Ces singes se contentent d’utiliser les pierres comme marteau et comme enclume. Et il se trouve que, de manière complètement involontaire, ces pierres se fracturent de la même manière qu’une lamelle fabriquée intentionnellement par un hominidé. »

Un mâle capucin se servant d’une pierre pour ouvrir un fruit à coque (Panama).

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