En 2025, les approches médicales autour du cancer de la prostate ont changé de visage. Grâce aux avancées en dépistage, en imagerie et en traitements ciblés, on évite désormais de nombreuses interventions inutiles. Moins d’agressivité, plus de finesse : le Dr Ilan Darmon, oncologue, décrypte cette nouvelle ère thérapeutique.

Le cancer de la prostate touche un homme sur huit mais reste souvent indolent et difficile à détecter
On en parle peu, et pourtant, près de 50 000 hommes sont touchés chaque année en France. Le cancer de la prostate est de loin le plus fréquent chez les hommes. Mais – et c’est là toute la complexité, tous les cancers de la prostate ne se valent pas. Certains n’évolueront jamais, d’autres progresseront lentement, et quelques-uns, plus sournois, prendront une tournure agressive et métastatique.
Le hic ? Les premiers signes apparaissent tard, souvent à un stade déjà avancé : douleurs osseuses, fatigue inexpliquée, troubles urinaires. Et même les tests classiques comme le PSA ne disent pas toujours la vérité. Il peut être élevé sans cancer, ou normal malgré une tumeur. Voilà pourquoi le dépistage massif est remis en question. Le Dr Ilan Darmon est catégorique : « Ce qu’il faut, c’est individualiser le dépistage. »
Des outils de dépistage plus ciblés pour limiter les surdiagnostics et interventions invasives
Fini le dépistage systématique pour tous. En 2025, on cible les profils à risque : hommes de 50 à 74 ans avec plus de dix ans d’espérance de vie, ou dès 45 ans en cas d’antécédents familiaux ou de mutation génétique. Le PSA reste un point de départ, mais il est désormais suivi quasi systématiquement d’une IRM multiparamétrique pour éviter les biopsies inutiles.
Les avancées ne s’arrêtent pas là. Des tests sanguins comme le PHI ou le 4Kscore affinent le diagnostic. Et surtout, la fameuse biopsie liquide, capable de détecter l’ADN tumoral dans le sang, se profile comme un game changer. Une étude de 2025 a montré une réduction de 13 % de la mortalité spécifique grâce à un dépistage raisonné. Ce n’est pas rien, surtout quand il permet d’éviter des traitements lourds et parfois inutiles.
Des traitements adaptés au profil du patient pour préserver la qualité de vie sans sacrifier l’efficacité
Opérer ou ne pas opérer ? C’est là toute la question. La surveillance active devient une vraie option, surtout pour les formes peu agressives. Et lorsqu’il faut traiter, on y va avec plus de nuance : hormonothérapie, radiothérapie, chirurgie… tout dépend du profil du patient.
Le Dr Darmon le confirme : « On prend en compte la vitesse de progression du PSA, les antécédents, et surtout les effets secondaires. » Parce que oui, certains traitements peuvent avoir un impact lourd sur la sexualité ou l’appareil urinaire. Et quand il faut sortir l’artillerie lourde, comme l’enzalutamide, on le fait au bon moment et dans les bons cas.
L’imagerie 3D, l’édition génique et les vaccins : vers une médecine de précision contre les formes résistantes
C’est peut-être là que la révolution est la plus discrète, mais aussi la plus bluffante. L’imagerie de 2025 permet désormais de suivre jour après jour l’évolution des métastases osseuses, grâce à une technologie appelée Whole-Body SPECT. On détecte plus tôt, on agit plus vite, avec moins d’effets secondaires.
Et puis il y a les promesses de demain : édition génomique avec CRISPR, vaccins à ARNm, nouveaux antioxydants… Même le récepteur TRβ, longtemps ignoré, refait surface comme potentiel régulateur tumoral. C’est encore expérimental, mais ça avance vite. Très vite.
Enfin, les chercheurs ciblent aussi les mutations BRCA ou ATM, à l’origine de formes plus résistantes. En combinant l’hormonothérapie à des inhibiteurs spécifiques ou à la radiothérapie, on espère contourner les mécanismes d’échappement tumoraux. La médecine devient stratégique, presque chirurgicale, dans son approche des cancers les plus coriaces.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science & Vie
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