La Ville de Lyon, qui a élu un nouveau maire écologiste, entend se doter d’un budget « genré », afin de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’action publique. Première ville de France de plus de 550 000 habitants à se doter d’un tel budget, les annonces visent, pour l’instant, essentiellement le sport et l’éducation.
Une première pour une ville française de plus de 550 000 habitants
C’est une première pour une ville française de plus de 550 000 habitants. Lyon, 3e ville de France, travaille actuellement sur un budget pensé pour mettre en place l’égalité entre les femmes et les hommes dans plusieurs domaines. Pour l’instant, l’accent sera plutôt mis sur le sport et l’éducation. L’idée est donc, pour les 700 millions d’euros que contient l’enveloppe du budget, de « savoir si une dépense est neutre, favorable ou négative pour l’égalité femme-homme », comme l’explique au Monde le nouveau maire de la capitale des Gaules.
Premier vecteur d’inégalité selon l’équipe du nouveau maire, l’école, et en particulier les cours de récréation. Pour les écoles qui doivent être rénovées, la mairie souhaite empêcher la construction d’un terrain de foot au milieu de la cour, car « on sait d’expérience que ce sont plutôt les garçons qui vont aller jouer et que les filles vont se retrouver dans les périphéries, à discuter ou s’asseoir par terre sans activité », explique à France Inter Audrey Hénocque, adjointe aux Finances. L’éducation étant le premier budget de la ville, cette dernière souhaite mettre en place des infrastructures permettant aux filles et aux garçons de pratiquer des activités ensemble, comme du jardinage, par exemple, en construisant des « carrés végétalisés », poursuit l’adjointe. Ensuite, le sport : la mairie va acheter 900 places pour les matchs de foot de l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais (OL), autant que celles réservées à l’équipe masculine. Les clubs féminins auront également une subvention égale à celle des clubs masculins.
“On est par essence neutre et égalitaire”
L’équipe des adjoints à la municipalité se veut également totalement inclusive, puisqu’elle compte 12 femmes et 12 hommes. L’écriture inclusive est également fortement encouragée chez les adjoints, mais reste à l’appréciation de chacun. Certains, toutefois, regrettent que le budget n’aille pas plus loin, à l’instar d’Anne Grumet, membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, et présidente du Mouvement HF dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui milite pour une plus grande égalité entre les femmes et les hommes dans le monde de la culture. Elle déplore que la culture soit absente de ce premier budget d’expérimentation. Toutefois, comme l’explique RTL, avant d’appliquer concrètement l’égalité totale dans le budget municipal, il faut d’abord analyser comment les budgets actuels perpétuent les inégalités de genre. C’est pourquoi le prochain budget pour 2021 va mettre en oeuvre des « mesures symboliques » avant de vraiment passer à l’acte plus tard.
Le budget « genré » est déjà mis en place dans plusieurs pays, comme le Canada, le Mexique, la Suède et le Japon. La France ne l’a pas encore fait, du moins pas à l’échelle nationale. Des villes moyennes, comme Grenoble, s’y étaient essayées. Le centre Hubertine Auclert, à Paris, conseille les communes pour établir des budgets « genrés ». Ambre Elhadad, chargée des relations avec les collectivités, explique à BFM TV pourquoi ce type de budget est important : « Parce qu’on a un service public, on est par essence neutre et égalitaire, alors qu’en réalité, si on ne se dote pas des bons outils pour vérifier on a plus de chance de ne pas réduire les inégalités. On est toutes et tous porteurs de stéréotypes. Ça peut aussi se retranscrire dans la façon dont on conçoit les politiques publiques. » Depuis les récentes élections législatives, le centre est de plus en plus sollicité par de nouveaux maires soucieux de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité.
