Le réchauffement climatique est une réalité à laquelle l’humanité doit faire face, mais de nouvelles découvertes montrent que nous avons peut-être encore les moyens d’en atténuer les effets. Une vieille bûche noueuse, vieille de 3 775 ans, pourrait détenir les secrets de la protection de notre planète. Grâce à une étude récente publiée dans la revue Science, cette relique naturelle offre une solution potentielle pour capturer le carbone, connue sous le nom de « wood vaulting ».
Les arbres et le rôle du bois mort dans le cycle du carbone
Les arbres jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique en capturant le dioxyde de carbone (CO2) grâce à la photosynthèse. Ce processus permet aux arbres de transformer le CO2 en énergie et de croître. Il est largement reconnu que cette fonction de stockage du carbone est cruciale pour lutter contre le changement climatique.
Cependant, une fois que les arbres meurent, ils cessent d’absorber le carbone et commencent à en libérer en grande quantité dans l’atmosphère au fur et à mesure de leur décomposition. Selon Jörg Müller, écologiste forestier, 8 % du carbone des forêts est piégé dans les arbres morts. En 2021, il expliquait que la décomposition du bois mort libère plus de carbone dans l’atmosphère que celui émis annuellement par les combustibles fossiles.
Il a déclaré : « Les émissions de carbone provenant du bois mort représentent environ 115 % du carbone libéré par les activités humaines. » Face à cette réalité, que pouvons-nous faire pour atténuer ces émissions ? Les arbres peuvent vivre plusieurs siècles, voire des millénaires, mais miser sur leur immortalité est une solution irréaliste.
La « wood vaulting »
La solution pourrait être d’enterrer le bois mort. En effet, il ne s’agit pas simplement de creuser un trou dans le sol, mais de le faire selon des conditions spécifiques pour garantir que le carbone reste piégé dans le bois. Cette méthode, appelée « wood vaulting », consiste à placer le bois dans un environnement où il ne pourra pas se décomposer.
Ning Zeng, professeur en sciences atmosphériques et océaniques à l’université du Maryland, et auteur principal de l’analyse, a expliqué qu’il est souvent difficile de préserver du bois pendant des siècles ou des millénaires. Il souligne que, même si l’humanité a enterré des millions de cercueils en bois au fil de l’histoire, peu sont restés intacts. Ce sont les conditions dans lesquelles le bois est enterré qui déterminent sa longévité.
C’est ici que la découverte de la bûche vieille de 3 775 ans prend toute son importance. Retrouvée en 2013 au Québec, cette bûche a étonnamment bien conservé son carbone malgré son âge. L’analyse de l’équipe de Zeng a montré que le cèdre rouge de l’Est découvert avait perdu moins de 5 % du CO2 qu’il avait initialement stocké. Une performance remarquable qui a permis aux chercheurs de mieux comprendre comment optimiser l’enfouissement du bois pour capturer le carbone.
Les secrets de conservation
L’analyse de cette vieille bûche a révélé que le sol argileux dans lequel elle était enfouie jouait un rôle clé dans sa conservation. Ce type de sol, commun dans certaines régions, possède une faible perméabilité, ce qui limite l’accès de l’oxygène et des organismes décomposeurs, comme les insectes et les champignons, au bois. Cette faible perméabilité a permis à la bûche de rester quasiment intacte et, par conséquent, de conserver presque tout le carbone qu’elle contenait.
Comme l’a expliqué Zeng : « Le bois est en parfait état, il pourrait presque être utilisé pour fabriquer des meubles. » Cela démontre que cette méthode, si elle est réalisée dans des conditions similaires, pourrait être une solution durable et relativement simple pour piéger le carbone pendant de longues périodes.
Si cette technique est optimisée, elle pourrait offrir un outil précieux dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les chercheurs estiment qu’elle pourrait permettre de stocker jusqu’à 10 gigatonnes de CO2 par an. Coïncidence ou non, c’est justement la quantité nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 °C. Par ailleurs, les records de chaleur pourraient avoir une autre origine que le changement climatique.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science
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