Loin des vieux drames et thrillers originalement destinés au plus vieux, la télévision américaine s’est tournée, il y a quelques années déjà, vers un public de jeunes adultes assumant encore sa sortie récente de l’adolescence. Whorkaholics et bien d’autres ont trouvé toute une génération de spectateurs prêts à assister, le sourire aux lèvres, aux péripéties d’anti-héros sur le petit écran. C’est ce qu’offre Broad City, une série déjantée, politiquement incorrecte et proche de nos réalités que SooGeek s’est donné comme devoir d’étudier.


Broad City, c’est avant tout et surtout Ilana Glazer et Abbi Jacobson, deux amies à la vie comme à l’écran qui ont débuté une carrière d’actrice sur le web en 2009. A l’époque déjà, la web série portait le nom qui est le sien aujourd’hui et décrivait la vie de tous les jours de deux femmes modernes et gamines en plein New-York. Problème d’argent, de cœurs, d’amitié rythmaient alors les petits épisodes diffusés régulièrement sur Youtube. Si, jusque là, rien ne les différencie des séries visant un public féminin, c’est sans compter sur l’humour étonnant et décapant de ses créatrices.
 Prêtant leurs noms à leurs personnages, elles dévoilaient les galères et petits bonheurs de leurs doubles fictifs : sans le sou, sans conjoint, sans travail passionnant, elle arrivaient déjà à convaincre les internautes qui se regroupaient toujours plus nombreux chaque semaine sur la chaîne Youtube dédiée à la série. Ce n’est qu’en 2011 que la diffusion prend fin sur le site d’hébergement offrant un dernier épisode fabuleux à ses fans : courant à travers les rues de New-York pour obtenir le tout dernier gâteau de leur pâtisserie préférée, les deux jeunes femmes conviaient un invité spécial à leur quête. C’est Amy Poehler, comédienne, actrice, scénariste et productrice qui se joignaient au duo, annonçant ainsi le passage de l’œuvre du web au petit écran.

C’est ainsi qu’en 2014, Ilana et Abbi faisaient leur débuts sur Comédie central dans l’adaptation en sitcom de leur série jusque là produite de façon indépendante. Il ne faudra pas longtemps avant que la série se fasse remarquer des spectateurs et critiques et si nombreux auront été ceux à les comparer à Girls (la série de Lena Dunham en était déjà à sa troisième saison); ils auront été tout autant à déchanter devant la prestation des actrices. Incomparables, elles offrent des personnages touchants et dérangeant, abusant de drogues, d’alcool, d’injures et de comportements à la limite du responsable. Elles assument pleinement un héritage populaire, faisant référence continuellement à leurs séries, films, jeux et héros préférés.
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Nominées à de nombreuses reprises aux Critics Choice’s Awards, elles ont fait le choix de ne rien changer à la série au fur et à mesure des nouvelles saisons. Leur personnages assument un côté looser et politiquement incorrect offrant au spectateurs des moments de gêne incomparables et jouant avec tout ce que la grande pomme a à leur offrir. Ainsi, on rit avec elles des blagues qu’elles s’autorisent sur les origines diverses des protagonistes rencontrés mais aussi de leur sexualité, de leur genre ou encore de leur rang social. Ne se privant rien, elles soulignent les aspects potentiellement racistes, sexistes ou tout simplement outranciers de leurs propres déclarations.

Si la série peut facilement être étiquetée comme étant de celles spécialement créées pour les spectatrices, un simple coup d’œil au premier épisode prouve le contraire : hommes et femmes se retrouvent dans ce récit déjanté spécialement créé pour les adultes. Le sentiment général de la presse américaine et française décrit une création « sans chichis et sans poésie », loin de ce que peuvent habituellement promettre des séries menées par des personnages féminins.
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C’est un New-York trash qu’Ilana et Abbi nous font découvrir ainsi qu’une vie d’adulte qui l’est tout autant : un brin rock’n’roll, les deux héroïnes se démènent pour s’offrir ce dont elles rêvent sans jamais que cela n’implique une prise de conscience sur l’aspect dévasté de leurs propres vies. Des battantes un peu lentes mais toujours adorables, agréable à suivre dans leurs aventures et qui nous soulignent sans vraiment le dire, que le plus important reste l’amitié.
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Broad City à de quoi plaire : drôle, lourde, dérangeante et déjantée, la série offre de nombreuses pistes de réflexion à son public que ce soit sur sa propre vie ou celle des héroïne. Dès le premier épisode, Abbi et Ilana nous emmènent en virée dans un New-York surprenant, vivant et souvent sale, à la rencontre de héros de tous les jours et de personnages souvent semblables au spectateur. Au même titre que Workaholics, c’est une série à voir et à revoir absolument, au risque de passer à côté de l’une des sitcoms les plus étonnantes de la télévision américaine.

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