Survenue fin janvier, la rupture du barrage de Brumadinho est d’ores et déjà considérée comme l’une des pires catastrophes environnementales que le Brésil ait connue. Les tonnes de boues qui se sont déversées dans le fleuve Paraopeba l’ont contaminé durablement, et les villages indigènes qui dépendaient du cours d’eau se retrouvent aujourd’hui démunis.

 

Une catastrophe environnementale majeure

Le 25 janvier 2019, des tonnes de boues chargées de résidus de minerai de fer libérées par la rupture du barrage de Brumadinho, dans le sud-est du Brésil, atteignaient le fleuve Paraopeba après avoir dévasté les environs. Selon un dernier bilan provisoire, cette catastrophe a coûté la vie à 134 personnes, et près de 200 sont toujours portées disparues. Désormais, l’eau brunâtre qui s’écoule près du village indigène de Nao Xoha, fief de la tribu Pataxo situé à 22 kilomètres en aval du barrage, empeste le poisson mort. Comme l’a expliqué Antonia Alves, membre de la tribu âgée de 88 ans : « La rivière c’est ce qui nous faisait vivre, où l’on se baignait, d’où l’on tirait de l’eau, on lavait le linge, on pêchait… Nous, les indigènes, vivons de la pêche, de la chasse ».

Aujourd’hui, nombreuses sont les familles du village qui choisissent de revenir sur ces terres sinistrées et de reprendre le cours de leur vie, quelques jours seulement après avoir été évacuées à Belo Horizonte, capitale de la région du Minas Gerais. Mais bien que tout semble en apparence normal, les conséquences de cette catastrophe vont impacter durablement les habitants de Nao Xoha. Privés d’eau potable et de leur principale source de nourriture, ceux-ci dépendent pour l’instant des volontaires apportant de l’eau et des produits de première nécessité dans ce petit village niché au cœur de la forêt tropicale, qui a également reçu la visite d’un médecin itinérant, chargé d’examiner la quinzaine de personnes n’ayant pas été évacuées.

© Valter Campanato/ABr/Wikimedia Commons

 

« Nous allons continuer, même si le fleuve est mort »

Les autorités du Minas Gerais ont prévenu les habitants que l’eau était contaminée, et selon des ONG comme la WWF, les conséquences sur l’environnement se feront sentir pendant des années. Interrogé à ce sujet, le cacique Hayo Pataxo Ha-ha-hae a déclaré : « On nous a retiré une partie de notre réserve, on a tué une partie (d’entre nous), mais nous sommes un peuple qui résiste et nous n’allons pas partir d’ici. Nous allons continuer, même si le fleuve est mort. La nature dépend de nous et nous devons la préserver ». Ces derniers jours, celui-ci s’est entretenu avec la Funai, organisme public traitant les questions indigènes, mais n’a toujours pas connaissance des actions légales qui seront entreprises contre le groupe minier responsable du barrage qui a cédé.

Il y a plusieurs décennies, une partie de cette communauté indigène avait émigré vers les zones urbanisées à cause des conflit agricoles, mais avait finalement choisi il y a environ un an et demi de retourner sur les terres de ses aînés, qu’ils ne pensent désormais plus quitter. Bien que l’impact environnemental reste pour l’heure difficile à quantifier, les habitants ont encore en tête la tragédie de Mariana en 2015, survenue à 120 kilomètres de là et restant à ce jour la pire catastrophe environnementale ayant frappé le Brésil. À l’époque, la rupture du barrage avait laissé s’échapper quelques 60 millions de mètres cubes de boue chargée de minerai de fer, soit 5 fois plus que celle de Brumadinho, et l’écosystème n’avait pas survécu.

Les habitants du village souhaitent désormais que justice soit faite. Comme l’a expliqué un jeune cacique : « Je veux dire, non seulement à Vale, mais aussi à ceux qui nous gouvernent, qu’ils punissent les coupables, ceux qui ont fait ça à notre nation indigène, aux agriculteurs et à ceux qui ont perdu des proches ».

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