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Le Botswana vend aux enchères des permis de chasse pour tuer les éléphants

La vie des éléphants a donc un prix pour ce gouvernement : 2,3 millions de dollars...

Vendredi dernier ont eu lieu les premières enchères pour obtenir un permis de chasse à l’éléphant depuis que le président du Botswana a rétabli cette pratique dans son pays. Ainsi, chaque année, jusqu’à 400 éléphants pourront être tués légalement. Une décision qui indigne les ONG.

“Réguler” la population des éléphants

Avec environ 135.000 éléphants en liberté, soit un tiers de leur population africaine connue, le Botswana est le pays qui abrite la plus importante population d’éléphants au monde. La plupart d’entre eux vivent dans le parc national de Chobe, dans le nord du pays. Or, en mai 2019, le président Mokgweetsi Masisi a rétabli la chasse aux pachydermes. Celle-ci avait pourtant été interdite cinq ans plus tôt par son prédécesseur Ian Khama, et ce, au nom de la survie de l’espèce. C’est désormais jusqu’à 400 éléphants qui pourront être tués chaque année grâce à un permis délivré par les autorités.

Cette décision a été prise afin de stopper le développement incontrôlé des populations de pachydermes, qui menacerait les moyens de subsistance, notamment les récoltes, des populations locales. Un argument qui suscite une forte controverse, dans un pays où le braconnage fait des ravages. La saison de chasse doit s’ouvrir en avril.

— Radek Borovka / Shutterstock.com

Des permis de tuer délivrés aux plus offrants

Le vendredi 07 février, les premières enchères se sont tenues depuis le rétablissement de la chasse. La vente, qui a été confiée à la société locale Auction It, s’est déroulée durant une heure dans les locaux du ministère de l’Environnement de Gaborone. Sept « lots » comportant dix éléphants chacun ont été mis en vente, a indiqué à l’AFP une responsable gouvernementale de la faune, Alice Mmolawa. Une source du milieu des enchères a rapporté à l’AFP que six permis avaient trouvé preneurs, pour des prix allant de 3,6 à 4,7 millions de pulas, c’est-à-dire de 330 000 à 430 900 dollars. Le dernier n’a pas trouvé preneur puisque aucun enchérisseur n’a atteint le prix de réserve de 2 millions de pulas, soit 181 000 dollars. Des permis de tuer qui se payent au prix fort et qui ont rapporté au gouvernement un total de 25,7 millions de pulas, soit environ 2,3 millions de dollars.

Ces enchères étaient ouvertes aux “entreprises soit détenues par des citoyens botswanais soit enregistrées au Botswana”, a précisé Alice Mmolawa. Le gouvernement botswanais a malgré tout établi quelques règles de restrictions et d’encadrement de cette pratique extrêmement controversée. Ainsi, selon l’annonce officielle de la vente, les acheteurs devaient posséder “une expérience attestée de la chasse à l’éléphant” et ne pas faire l’objet de condamnation pénale pour atteinte à la faune sauvage. De plus, la chasse aux éléphants porteurs d’un collier permettant de suivre leurs mouvements, qui sont donc protégés, est interdite. Toutes les expéditions devront être accompagnées en permanence par un guide et un chasseur professionnel.

Des ONG déçues et mécontentes

Le rétablissement de l’autorisation de la chasse avait ravivé des tensions entre l’ancien et le nouveau président du Botswana. Ainsi, Ian Khama a déclaré à l’AFP que cette décision “démotive ceux qui luttent contre le braconnage, à qui l’on dit de protéger les éléphants contre les braconniers alors que le régime braconne les mêmes éléphants en appelant ça de la chasse”. Audrey Delsink, directrice de l’ONG Humane Society International (HSI) Africa, a quant à elle jugé ces enchères “profondément inquiétantes et contestables”. Elle a déclaré à l’AFP que “la chasse n’est pas un moyen efficace à long terme de régulation de la population”. 

Par Maurine Briantais, le

Source: Sciences et Avenir

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