L’examen d’échantillons de bombes non détonées larguées durant la Première et la Seconde Guerre mondiale a révélé qu’une substance explosive largement utilisée pendant des décennies devenait beaucoup plus instable avec le temps.
L’amatol
Aujourd’hui, on estime que la quantité d’engins explosifs non détonés dans le monde se chiffre en millions de tonnes. Selon Geir Petter Novik, du Centre norvégien de recherche pour la défense, une idée reçue très répandue est que de telles munitions ont tendance à devenir moins dangereuses avec le temps.
Il y a deux ans, le chercheur et ses collègues avaient constaté que les propriétés explosives du TNT (trinitrotoluène) et du tétranitrate de pentaérythritol, prélevés sur des bombes et des obus datant de la Seconde Guerre mondiale, ne s’étaient pas détériorées. Récemment, ceux-ci ont évalué la sensibilité à l’impact de l’amatol, largement utilisé lors des deux conflits mondiaux.
« Ce mélange de TNT et de nitrate d’ammonium a été mis au point en 1915 par le Royal Arsenal britannique lorsque les réserves de TNT ont commencé à baisser », détaille Novik. « De nombreux pays ont cessé de l’utiliser lorsque la production de TNT a augmenté vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais pas l’URSS. Plusieurs types de munitions de l’ère soviétique actuellement utilisées en Ukraine en contiennent encore. »
Les cinq échantillons d’amatol étudiés provenaient d’engins explosifs de la Seconde Guerre mondiale trouvés en Norvège. Le test consistait à laisser tomber des poids de différentes hauteurs sur ces derniers afin d’estimer la quantité d’énergie nécessaire pour les faire exploser. Globalement, ceux-ci se sont révélés jusqu’à quatre fois plus sensibles à l’impact que les autres.
Des engins devant être manipulés avec une grande précaution
Selon Novik, de telles découvertes soulignent l’importance de transporter de plus petites quantités de munitions non détonées suite à leur enlèvement.
« Sur la base de ces expériences, nous pouvons affirmer que les engins explosifs en contenant doivent être manipulés avec une grande précaution », expliquent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Royal Society Open Science. « Contrairement au TNT seul, ils peuvent exploser si vous les laissez tomber. »
Pour l’heure, les causes de leur « sensibilité » accrue à l’impact restent assez floues, mais la formation de cristaux, la présence de contaminants lors de leur fabrication ou des réactions liées à la détérioration de leur enveloppe métallique pourraient être impliquées.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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