L’URGENCE DE LA HAUSSE DES ÉMISSIONS DE CO2

Le dioxyde de carbone (CO2) est connu pour être responsable à 70 % du réchauffement climatique par le phénomène de l’effet de serre (suivi par le méthane et le protoxyde d’azote). L’activité humaine, par l’industrie, l’énergie, le transport et la vie domestique, en rejette toujours plus chaque année : après trois ans de quasi-stagnation, les émissions repartaient à la hausse de près de 1,7 % en 2018, totalisant 33,1 milliards de tonnes émises. 

Ceci provoque le réchauffement climatique, impliquant des perturbations climatiques toujours plus violentes (voir le récent ouragan ravageant les Bahamas), mettant en danger les écosystèmes, accélérant la montée des eaux : en un mot, des perturbations à l’échelle mondiale qui causent des coûts économiques et humains, mais surtout des pertes sans précédent dans la biosphère.

— © Hypergiant Industries
— Madlen / Shutterstock.com

LES LIMITES DE LA REFORESTATION MASSIVE ET LES BIENFAITS APPARENTS DES ALGUES

Récemment, la communauté scientifique était divisée sur les bienfaits qu’apporte l’alternative d’une reforestation massive de la planète. La revue Science en juillet dernier préconisait cette alternative pour réduire le réchauffement climatique, en visant un total (hypothétiquement isolé de toute activité humaine) de 900 millions d’hectares de forêt supplémentaires, soit mille milliards d’arbres. Les arbres permettent en effet de capturer le dioxyde de carbone, et en planter dans des proportions pareilles pourrait contribuer à atteindre les objectifs que se donne notamment la Commission européenne, qui est de parvenir à atteindre une neutralité carbone en 2050. Cependant, la méthode est coûteuse, les bienfaits ne seraient pas immédiats (à cause du délai de croissance des arbres), et le résultat réel reste hypothétique. De plus, replanter des forêts « neuves » ne restaure pas les forêts vierges.

Une entreprise texane, Hypergiant, spécialisée en solutions de recherche sur les IA et le développement durable, voit dans les algues une solution privilégiée pour capturer sans délai le CO2 présent dans l’air ambiant. Cette entreprise mise sur l’utilisation d’un bioréacteur (c’est-à-dire un « convertisseur », ici de CO2 en matière organique) prenant peu d’espace et vertueuse par sa création de biomasse. Le présent prototype du projet Eos Bioreactor, cabine de 1 m x 1 m x 2,30 m connectée au système de ventilation d’un immeuble, capterait le dioxyde de carbone en système fermé afin d’alimenter la croissance d’algues dans les réservoirs de 200 litres.

Une fois à maturité (les algues poussent significativement plus vite que toute forme d’arbre terrestre), la machine les restituerait sous forme de palet, similaire à celui du jeu de hockey, qui pourrait servir à des usages divers : « production alimentaire, biochar, biocarburant, etc. ». Les algues peuvent aussi contribuer à la conception de textiles biodégradables et durables, alors que l’industrie de la mode reste, avec celle des transports, la plus polluante ; Hypergiant promeut d’ailleurs l’initiative de cette marque, pour des t-shirts à base d’algues et biodégradables en seulement 12 semaines. 

L’UTILISATION DES IA POUR AGIR CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE 

Si Hypergiant explique que les bioréacteurs sont développés depuis les années 60 (des usages industriels pour centrales thermiques sont en essai dans cette vidéo), l’entreprise innove en associant les produits de ces recherches avec les IA. Le bioréacteur proposé sera donc aussi un appareil connecté qui, selon l’entreprise, apprendra seul à optimiser la production d’algues, réduire les besoins de maintenance, etc. De plus, les données récoltées par l’ensemble des machines connectées permettront de déterminer les concentrations de CO2 ou encore donner une idée du rendement selon les régions, afin de proposer des actions locales de lutte contre les phénomènes globaux. 

Les algues, pour lesquelles beaucoup d’entreprises ont décidé de renoncer à leurs espoirs et d’abandonner leurs efforts, faisaient craindre en 2017 le risque d’éclatement d’une bulle financière, au vu de la masse des investissements ne menant à aucun résultat concret en termes d’usage durable. 

La firme Hyperspace créée en 2018, mettant en avant ses projets en développement « pour les gouvernements et les Fortune 500 », joue la carte du collaboratif et de la transparence totale et a annoncé la diffusion prochaine des plans de son innovation sur le web, afin que chacun puisse construire son modèle. La production (et donc la mise à disposition du public, les coûts et certainement davantage de détails techniques) sera évoquée dans de futurs communiqués.

[Mise à jour du 25 septembre 2019 : nous avons rectifié la superficie de forêt mentionnée par la revue Science, qui n’était pas en kilomètres carrés mais bien en hectares.]

S’abonner
Notifier de
guest

6 Commentaires
Le plus populaire
plus récent plus ancien
Inline Feedbacks
View all comments
AhOui
AhOui
4 années

Hmm, vu le design du truc ça fait plus penser à des pros de la comm que des pros de la physique… Et ça semble être le cas, étant donné que capturer le CO2 pour ensuite utiliser ces algues comme biocarburant (pris depuis les exemples), c’est rejeter à nouveau ledit… Lire la suite »

JEAN-MARC Wibart
JEAN-MARC Wibart
4 années

j’ai déjà vu cette idée c’est valable, de plus un biocarburant ne signifie pas rejet de pollution systématiquement.