En s’appuyant sur un procédé exploité par l’industrie des combustibles fossiles, la start-up-américaine Savor a créé un beurre n’impliquant ni matière grasse végétale, ni bétail.
Matières grasses synthétiques
Pour créer cette graisse alimentaire synthétique, Kathleen Alexander et ses collègues se sont appuyés sur le procédé Fischer-Tropsch, qui permet d’obtenir des hydrocarbures à longue chaîne à partir de charbon, de méthane ou de CO2. Une fois oxygénés, ceux-ci forment des acides gras, transformés en triglycérides (une forme de graisse) via l’ajout de glycérol.
Savor ajoute ensuite de l’eau, un émulsifiant, du bêta-carotène et de l’huile de romarin pour lui donner une texture, une couleur et un goût équivalents à ceux du véritable beurre.
L’entreprise américaine, qui tente actuellement d’obtenir des autorisations nécessaires pour sa commercialisation outre-Atlantique, a expliqué se concentrer sur le beurre en raison de son coût élevé par rapport à d’autres matières grasses. À terme, son approche pourrait notamment être utilisée pour produire des versions synthétiques des huiles de palme et de coco, dont la production contribue significativement à la déforestation dans les pays tropicaux.
This “butter” is made by turning CO2 into fat molecules, so it doesn’t require animals or farmland to produce. The start-up behind it says producing food this way would slash carbon emissions and save the rainforests. https://t.co/R4EGebA1qg
— New Scientist (@newscientist) July 10, 2024
Un coût environnemental 50 % plus faible
Selon une étude publiée l’année passée, l’empreinte carbone de ces alternatives synthétiques s’avérerait 50 % plus faible que celle des graisses issues de l’agriculture traditionnelle.
« Elles fourniraient de précieuses calories tout en libérant des terres pour la conservation et le stockage du carbone », estime Alexander. « Les produits fabriqués de cette manière pourraient également constituer une source de nourriture en cas de catastrophe environnementale. »
« Le grand défi consistera à réduire les coûts de production afin que de tels produits deviennent accessibles au plus grand nombre », a expliqué Bill Gates, qui soutient financièrement Savor. « Le processus ne rejette aucun gaz à effet de serre et implique une infime quantité d’eau [moins d’un millième du volume utilisé par l’agriculture traditionnelle]. »