Abrahim Hassan est le premier bébé « à trois parents ». Il a été conçu à partir du patrimoine génétique de deux femmes et un homme. Cette technique expérimentale a été utilisée pour éviter la transmission d’un trouble héréditaire important.

Il est né en avril 2016 au Mexique, mais l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM) a attendu mardi 27 septembre pour l’annoncer. Et pour cause, cette pratique de procréation assistée particulièrement controversée n’est pas autorisée aux Etats-Unis. L’équipe médicale du Dr John Zhang a employé une technique inédite de transfert des matériaux génétiques du noyau pour éviter que la mère ne transmette à son enfant des gènes responsables du syndrome de Leigh.

Un nouveau-né dans un hôpital via Shutterstock
Un nouveau-né dans un hôpital via Shutterstock

La femme, porteuse saine de la maladie qui se caractérise par la dégénérescence du système nerveux central avait déjà transmis ses gènes du syndrome de Leigh a ses deux précédents enfants. Les deux petites filles avaient perdu la vie à l’âge de 6 ans et de 8 mois, selon le New Scientist. La Jordanienne avait également fait deux fausses couches. Dans ce cas, l’ADN mitochondrial étant transmis uniquement par la mère, cette technique permet de minimiser la transmission des gènes maternels défectueux.

Voici comment ça a fonctionné schématiquement :

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L’équipe médicale de l’ASRM est parvenue à féconder cinq ovules avec le sperme du père, dont quatre étaient viables. Parmis eux, un seul était normal, il a donc été réimplanté dans la mère. « Ces travaux représentent une avancée importante en médecine de la reproduction car les maladies mitochondriales restent un problème important et difficile », a expliqué le Dr Owen K. Davis, président de l’ASRM.

Fécondation artificielle via Shutterstock
Fécondation artificielle via Shutterstock

Cette naissance inédite fera l’objet d’une communication scientifique « officielle » en octobre 2016 lors du congrès de l’Association américaine de médecine reproductive à Salt Lake City (Utah). « Si d’autres recherches permettent d’établir la sûreté et l’efficacité de cette technique de transfert des matériaux génétiques, on pourrait l’envisager comme une option pour les femmes risquant de transmettre des maladies mitochondriales à leurs enfants », s’est félicité le Dr Owen K. Davis.

Mais cette technique est particulièrement controversée à cause du nombre inhabituel de parents. En réalité, seulement 0,1% de l’information génétique provient de la donneuse. Et ce n’est pas la première fois que des embryologistes tentent de concevoir un bébé avec trois parents. L’expérience avait déjà été essayée dans les années 1990, mais à l’époque il était impossible de déterminer s’il y avait eu transfert de l’ADN ou non. Sur le même sujet, assistez à l’évolution d’un bébé dans le ventre de sa mère à travers ce film d’animation fascinant.

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