Aller au contenu principal

Bayer ne sera pas obligé de prévenir des risques de cancer sur ses produits Roundup aux États-Unis

Cet herbicide est pourtant classé cancérogène probable par le Centre International de recherche sur le cancer

C’est une victoire historique pour Bayer, et une défaite cuisante pour ses victimes. Un juge fédéral de Californie a rendu une décision dans laquelle il affirme que la société pharmaceutique allemande ne serait pas obligée de préciser sur ses étiquettes que le Roundup, son herbicide phare, est probablement cancérogène.

Les États-Unis désormais interdits de prévenir des risques de cancer du Roundup

C’est une décision qui ne va pas manquer de faire réagir : un tribunal de Californie a donné raison à Bayer, la société pharmaceutique et agrochimique allemande qui a racheté l’américain Monsanto. Le juge William Shubb a annulé une ordonnance de la Californie de 2017 qui imposait au pesticide Roundup, produit phare de Monsanto, de porter une étiquette le qualifiant de « cancérigène probable. »

Le juge Shubb a classée comme « illégale » cette ordonnance de Californie. Ainsi, comme l’affirme Der Spiegel, cela peut lui « éviter définitivement les étiquettes d’avertissement pour le glyphosate. » Il a affirmé qu’un tel avertissement, sur le fait que le glyphosate cause le cancer, est « trompeur », et que ces affirmations ne sont pas « purement factuelles. » Cette affaire concernait la « Proposition 65 », loi de Californie adoptée en 1986 et qui impose, pour les produits dont le risque de cancer est avéré par l’État, à les étiqueter.

— Pixavril / Shutterstock.com

Un produit pourtant reconnu comme « cancérogène probable » par le CIRC

Le Roundup, herbicide phare de la firme américaine Monsanto (c’est d’ailleurs cette firme qui a mis au point l’agent orange qui sera déversé par l’armée américaine lors de la Guerre du Viêt Nam), fait depuis longtemps l’objet d’âpres débats concernant sa dangerosité pour l’environnement et la santé humaine. Commercialisé dans les années 1970, il fait, en 1999, l’objet de la première inquiétude sérieuse du docteur James Parry, qui invite à des études plus poussées sur la toxicité du Roundup. William Heydens, alors toxicologue chez Monsanto, affirme que « nous ne ferons simplement pas les études proposées par Parry. » Or, cette toute première interrogation n’a été rapportée qu’en 2016, comme le rappellait France Culture en 2017. Dans les années 2000, en France, d’autres inquiétudes de médecins commencent à se faire entendre. En 2015, il est classé « cancérogène probable » par le Centre de recherche international sur le cancer (CIRC), une agence de l’OMS, mais ni l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ni l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ne suivent ce constat. Ces agences sont accusées de dissimuler des preuves de la dangerosité de l’herbicide.

En 2016, un tribunal composé de professionnels juge, à La Haye, que Monsanto « se livre à des pratiques qui ont de graves répercussions sur l’environnement » et contrevient au respect des droits fondamentaux et des réglementations. En 2017, alors que de plus en plus de plaintes sont déposées contre le géant américain par des agriculteurs ou jardiniers malades à cause du Roundup, les États membres de l’UE ne parviennent pas à se mettre d’accord sur une interdiction concertée du glyphosate.

En 2017 toujours, une enquête du Monde, les « Monsanto Papers », révélait les pratiques douteuses du géant agrochimique auxquelles il se livrait. Ces affaires ont, en particulier, mis en avant la pratique du ghostwritting, qui signifie littéralement « écriture fantôme. » Cette pratique consiste, pour une entreprise, à faire rédiger par ses propres employés des études et des textes, et à les faire signer par des scientifiques de renom. Ainsi, ils apportent le prestige de leur nom à des études fausses, moyennant rémunération. L’ampleur du phénomène n’est pas encore complètement connu, mais apporte un éclairage sur les mensonges auxquels Monsanto s’est livré.

Bayer signe un accord avec des plaignants

En 2018, une affaire concernant Monsanto a beaucoup fait parler d’elle : celle l’opposant à Dewayne Johnson, jardinier municipal sur les terrains scolaires de Benicia, près de San Francisco. Pendant plusieurs années, il a utilisé du Roundup, et en 2014, il est diagnostiqué d’un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique. Il raconte aujourd’hui que s’il avait su que l’herbicide qu’il utilisait était dangereux, il n’aurait « jamais vaporisé du RangerPro dans des écoles ou où que ce soit. » Il a pourtant réussi l’exploit de faire plier Monsanto devant la justice, qui a condamné la firme à payer à M. Johnson 289 millions de dollars de dommages (plus de 250 millions d’euros) pour ne pas avoir informé de la dangerosité du Roundup.

Toutefois, cette victoire, unique, aura été de courte durée. En effet, cette semaine, Bayer a annoncé signer un accord de 10 milliards de dollars avec près de 100 000 plaignants américains. Il s’agit d’environ 75% des actions intentées contre la firme agrochimique aux États-Unis. Cet accord couplé à la décision du juge de Californie laisse présager encore de beaux jours au Roundup, et des conditions de vie beaucoup moins douces pour toutes les victimes actuelles et futures de cet herbicide.

Par Marine Guichard, le

Source: Courrier International

Étiquettes: , , ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • Ils ont le droit de nous tuer en toute impunité, de faire un mal énorme à la planète avec des juges corrompus, des psychopathes qui ont tout pouvoir, une aberration de première. Bayer au chiotte et les gens arrêtez d’acheter ce genre de produits de merde.