Des chercheurs américains ont étudié les mouvements des baleines à bosse pour étudier leur risque de collision avec les navires empruntant le détroit de Magellan et ont établi que celles-ci étaient particulièrement exposées.
Un risque élevé de collision
Les baleines à bosse effectuent le plus long voyage migratoire de tous les mammifères. Les cétacés de l’hémisphère sud passent leurs étés dans l’Antarctique et au Chili et leurs hivers dans les eaux tropicales du Pacifique, au nord de l’Amérique du Sud et en Amérique centrale. Passage maritime situé entre les océans Atlantique et Pacifique, en Patagonie, l’étroit détroit de Magellan constitue à la fois une zone prisée des mammifères marins pour se nourrir et une voie de navigation très fréquentée.
Récemment publiés dans la revue Marine Policy, ces nouveaux travaux menés par des chercheurs du Smithsonian Tropical Research Institute (STRI) révèlent que les parcours migratoires des baleines à bosse chevauchent souvent les voies de navigation empruntées par les navires, ce qui induit un risque élevé de collisions, potentiellement mortelles.
Héctor M. Guzmán, auteur principal de l’étude, avait préalablement mené des recherches ayant permis la mise en place de nouvelles lois visant à établir des voies maritimes n’interférant pas avec celles empruntées par les baleines près du canal de Panama et dans le sud du Costa Rica, qui ont permis de réduire considérablement les taux de collision entre les mammifères marins et les navires.
« Concevoir et mettre en œuvre des plans de séparation du trafic pour le Panama et le Costa Rica n’a pas été chose aisée, car toute mesure de ce type devait être adoptée par l’Organisation maritime internationale » souligne le chercheur. « Cela a été rendu possible grâce à un examen scientifique détaillé offrant une meilleure compréhension des mouvements des baleines et au soutien inconditionnel des deux gouvernements. »
La population de baleines à bosse du détroit est en net recul depuis 2017
Dans le cadre de cette nouvelle étude, les chercheurs ont étudié des données de suivi de 25 baleines sur plusieurs années, et comparé leurs déplacements avec les données disponibles concernant le trafic maritime. Si une baleine croise en moyenne la route d’un navire sept fois par saison, cette fréquence varie considérablement d’un individu à l’autre (moins d’une rencontre à dix-huit).
« L’étude de ces variations entre les différents spécimens suivis constitue une nouveauté et un atout majeur », explique Richard Condit, co-auteur de l’étude. « La plupart des recherches ne prenaient en compte que le risque moyen de collision pour l’ensemble des baleines, ce qui ne permettait pas d’évaluer convenablement le danger réel auquel elles étaient exposées. Sachant qu’au cours de la période couverte par l’étude, l’individu présentant le taux de rencontre le plus élevé a péri. »
En examinant les données à sa disposition, l’équipe a également constaté que la plupart des navires dépassaient la limite de vitesse recommandée à proximité des sites privilégiés par les baleines pour se nourrir.
« La population de baleines à bosse du détroit a augmenté de près de 300 % en 17 ans, atteignant entre 100 et 110 individus en 2016 et 2017, puis a progressivement diminué jusqu’à 65 individus en 2019 », rappelle Juan Capella, co-auteur de l’étude. « En outre, les morts de six spécimens ont été signalées en 10 ans, dont celle d’une jeune femelle survenue au cours de notre étude. Si l’on considère que la moitié de cette population est constituée de femelles, un seul décès représente 3 % des individus en âge de procréer. »
Les résultats de l’étude ont permis aux scientifiques de formuler différentes suggestions auprès des autorités gérant le trafic maritime, afin d’atténuer le risque de collision, incluant des limitations de vitesse dans le détroit de Magellan et l’obligation d’avoir un observateur à bord de tous les navires marchands.
Par Yann Contegat, le
Source: Earth
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