L’avortement aux États-Unis a toujours fait l’objet de débats virulents, en faisant, encore aujourd’hui, un véritable enjeu de société. À cause du coronavirus, ce droit est encore plus menacé, certains États ayant décidé d’interrompre les opérations « non urgentes », et ils ont classé les IVG dedans.

L’avortement, un droit très fortement menacé aux États-Unis

Aux États-Unis, avorter est possible depuis l’arrêt Roe v. Wade, rendu par la Cour suprême en 1973. Toutefois, depuis l’arrêt Planned Parenthood v. Casey de 1992, les États peuvent désormais apporter des restrictions à ce droit, à condition de ne pas l’interdire totalement. Certains États, majoritairement du sud, ne se sont pas fait attendre. Ainsi, en 2019, l’Alabama a proposé la loi la plus restrictive du pays : les médecins pratiquant un avortement pourront subir une peine allant de 10 à 99 ans, excepté en cas d’urgence vitale pour la mère ou « d’anomalie létale » du foetus.

Il semblerait que le coronavirus soit une aubaine pour les opposants au droit à l’avortement. Ainsi, le Texas a tout simplement décidé de suspendre les interruptions volontaires de grossesse (IVG) le temps de la pandémie, arguant que les hôpitaux ont besoin de lits pour les malades de la Covid-19. Toutefois, les défenseurs de l’avortement accusent les autorités d’instrumentaliser la crise sanitaire.

— fizkes / Shutterstock.com

De nombreuses Américaines contraintes d’acheter des pilules abortives sur Internet

« Une semaine après avoir découvert que j’étais enceinte, le Texas a interdit les avortements », déclare Sally (*le prénom a été modifié), habitante de Dallas, rapporte Sciences et Avenir. Elle se voit donc contrainte d’acheter des pilules abortives sur Internet et, après plusieurs jours d’attente, un versement de 250$ et presque arrivée au terme, elle reçoit enfin ses pilules. Elle apprend également seule sur Internet comment se passe une IVG médicamenteuse.

Comme elle, de nombreuses Américaines recourent désormais à Internet pour trouver des informations ou les pilules pour avorter. Parmi ces sites, « Plan C » donne toutes les informations nécessaires ainsi que les sites où on peut trouver les pilules, la mifépristone qui bloque la grossesse, et le misoprostol qui déclenche l’avortement. Ces pilules sont sûres, selon les experts. Toutefois, dans 5 États américains, avorter seule est interdit. L’association If/When/How, qui met en relation des femmes désireuses d’arrêter leur grossesse avec des avocats, a enregistré une hausse de ses appels en mars, 2 fois plus nombreux.

Afin de contourner les interdits, certains de ces sites agissent de l’étranger. Même avant la pandémie, avorter dans certains États relevait du parcours du combattant. Le nombre de cliniques pratiquant une interruption de grossesse y est fortement limité, de même que le nombre de médecins.

La décision du Texas de suspendre les avortements a été invalidée par un juge fédéral. L’Ohio et l’Alabama, qui souhaitaient faire de même, se sont vu refuser cette possibilité également.

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