Le coronavirus nous ferait presque oublier tout le reste… Et pourtant, le premier pays à avoir accordé le droit de vote aux femmes, en 1893, leur interdisait encore l’accès à l’avortement en 2020.
Une loi datant des années 1960
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) était, en Nouvelle-Zélande, définie par le Crimes Act de 1961, qui la définissait explicitement comme le « meurtre d’un enfant à naitre ». Ce ‘crime’ était passible d’une peine de 14 ans d’emprisonnement pour quiconque procurait à une femme enceinte de quoi mettre un terme à sa grossesse, y compris la femme elle-même. Seuls les cas de danger pour la vie, la santé mentale ou physique de la femme enceinte, une malformation du foetus ou si ce dernier a été conçu lors d’une relation incestueuse, étaient autorisés. Ainsi, le viol n’était pas considéré comme étant une raison suffisante de recourir à une IVG. En 1977, le Contraception, Sterilization and Abortion Act est venu préciser que quand un médecin ne recourt pas lui-même à un avortement, il doit permettre à sa patiente de se tourner vers un autre praticien. Dans les faits, la peine de prison n’était que très peu appliquée, ce qui rendait nécessaire la mise en conformité de la loi avec la situation.
Une promesse de campagne de Jacinda Ardern
La Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, 39 ans, qui a été cheffe du Parti travailliste (gauche), en avait fait une promesse de campagne. La loi a donc été approuvée en troisième lecture, par 68 voix contre 51. Tracey Martin, députée, fervente défenseure de la loi, a partagé l’histoire de sa grand-mère, morte d’un avortement clandestin. 97 % des femmes, jusqu’à présent, se retrouvaient dans l’obligation de mentir à leur médecin, selon Terry Bellamak, présidente de l’Abortion Law Reform Association (ALRANZ), qui milite activement pour une amélioration de la loi sur l’avortement en Nouvelle-Zélande, en leur disant que la grossesse les mettait en danger, ce à quoi le ministre de la Justice, Andrew Little, a affirmé qu’il faudrait mettre un terme.
L’avortement fait donc, aujourd’hui encore, l’objet de vifs débats. Alors qu’il n’a jamais été autant en danger aux Etats-Unis, la très catholique Irlande l’a adopté par référendum en 2018, tandis que le Sénat argentin l’a rejeté de peu. Dans de nombreux pays du monde, il est encore passible de très lourdes peines d’emprisonnement.
Par Marine Guichard, le
Source: Le Monde
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