Si les conséquences du réchauffement climatiques sont facilement visibles à basse altitude, au-dessus de 4000 m, les symptômes sont bien plus subtils. Pourtant, il est clair que les glaciers des Alpes se réchauffent de manière significative… et dangereuse. L’augmentation de leur température pourrait en effet entraîner d’impressionnantes avalanches de glace.
Le constat est sans appel : la très haute montagne est touchée par un réchauffement climatique marqué. Travaillant au Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement (LGGE) de l’université de Grenoble Alpes, Christian Vincent détaille les chiffres alarmants obtenus grâce à plus de 20 ans de forages au col du Dôme du Goûter (4250 m, massif du Mont-Blanc) et l’installation de capteurs à des endroits stratégiques du glacier : « Au fond du glacier, ça ne s’est réchauffé que de trois dixièmes de degré (0,3 °C), c’est significatif et au-delà de la marge d’erreur. Vers 50 m de profondeur, le réchauffement est de 1,6 °C et si on fait la moyenne sur tout le glacier, elle est de 1,1 °C. C’est un réchauffement assez marqué. »
Prendre conscience du phénomène n’était pas si évident. En effet, les mesures et observations au-dessus de 2500 m se font bien plus rares qu’au-dessous. Les conséquences du réchauffement climatique sont également moins sensibles. Si la Mer de Glace a perdu 80 m d’épaisseur en 70 ans dans sa partie basse et fondu sur près de 700 m en 20 ans, la partie haute semble épargnée. Mais ce n’est qu’une apparence, d’après une étude dont les résultats sont publiés par l’Agence France-Presse (AFP).
A quelles conséquences doit-on s’attendre ? Christian Vincent rappelle que de nombreux glaciers dits suspendus ne tiennent en place que grâce au froid, qui les colle aux flancs des montagnes. Or, lorsque leur température atteindra 0°C, la glace commencera à fondre : « de l’eau va s’écouler, le glacier va déraper sur ces pentes très raides et (…) des glaciers vont provoquer de grosses avalanches de glace ».
De manière générale, ces avalanches n’auraient guère d’impact humain ou économique, excepté pour certains glaciers. C’est le cas de celui de Taconnaz, installé sur des pentes supérieures à 40 degrés, et dont l’effondrement menace une partie des Houches et de Chamonix. Mais rien ne permet de prédire avec précision quand un tel phénomène pourrait avoir lieu. Pour cela, Christian Vincent souligne le rôle des mesures sur site, qui doivent absolument compléter les études et les modélisations.
Par Séranne Piazzi, le
Source: Sciences et Avenir
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