L’autophagie vient du mot grec autos, qui signifie « soi-même », et du mot phagein, qui veut dire « manger ». Forme d’automutilation, l’autophagie désigne un trouble mental qui se manifeste par le fait de s’infliger soi-même des douleurs corporelles en mangeant ou mordant une partie de son propre corps.
Il est important de noter que la plupart des êtres humains s’engagent dans des formes légères d’autophagie avec une certaine régularité. Ce comportement est généralement limité à se mordre les ongles, se mâcher la peau morte du bout des doigts ou celle des lèvres. Cet acte n’est pas source de préoccupation et est en grande partie causé par le stress.
En revanche dans les cas les plus graves d’autophagie, cette conduite implique de l’automutilation jusqu’à ressembler à une certaine forme de cannibalisme. Ainsi, le patient atteint d’autophagie sévère ne peut pas s’empêcher d’éprouver l’envie de mordre ou de mâcher sa propre chair, il ne contrôle pas ses impulsions, et se voit dominé par une forme d’excitation avant de passer à l’acte.
L’autophage mutile régulièrement son propre corps, et peut par exemple se provoquer de très graves blessures aux doigts en se les rongeant entièrement. L’autophage éprouve un véritable soulagement d’être passé par la phase d’automutilation. Dans certains cas encore plus inquiétants, il peut même mordre et manger la chair de son propre corps, ce type de comportement s’apparente à une forme d’autocannibalisme.
Pour comprendre cette pathologie, des chercheurs américains en neurosciences et en psychiatrie ont mis en évidence la relation qu’il y avait entre douleur physique et douleur « émotionnelle », voire « morale » au niveau du cerveau. Jean-Paul Mialet, psychiatre, ancien chef de clinique à l’hôpital Sainte-Anne et directeur d’enseignement à l’université Paris V explique à Atlantico pourquoi l’automutilation n’est pas toujours synonyme de tendance suicidaire. « Je me rappelle d’une patiente qui me décrivait ses automutilations par lacération profonde. Elle m’expliquait un de ces épisodes où le contexte générateur était une dispute épouvantable avec son père, qui l’avait mise dans un état de souffrance morale terrible, d’abandon effroyable, et une impression totale ne pas réussir à se faire reconnaître par lui. Pour autant, ce n’était pas du tout quelqu’un de déprimé. Elle a ensuite elle-même décrit la satisfaction causée par la lacération, en disant que cela l’avait ‘soulagée’. En fait, la douleur physique venait occuper la douleur morale. »
Aujourd’hui les facteurs du syndrome autophagique ne sont pas encore totalement identifiés. Chez certains patients, notamment les personnes âgées, ce trouble mental pourrait provenir d’une recherche de sensation pour compenser la perte sensorielle. Les médecins associent plus souvent ce comportement à divers troubles psychiatriques, comme la schizophrénie, la psychose et le trouble obsessionnel compulsif (TOC). Certaines recherches démontrent également que ce comportement peut aussi être lié à une anxiété sexuelle grave, à l’impulsivité, à des troubles alimentaires, à un excès de stress, à une détresse psychologique ou encore à l’isolement social.
L’être humain n’est pas le seul à être atteint par des troubles, nos amis à quatre pattes le sont également. Dépression, anxiété, traumatismes… Comme vous, les animaux peuvent souffrir de problèmes psychologiques.
Par Anaelle Smaili, le
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