Pour la première fois, des scientifiques affirment avoir identifié le « lieu de naissance » précis d’un astéroïde : le quasi-satellite de la Terre Kamo’oalewa, découvert il y a huit ans.
Berceau lunaire
En analysant la composition des roches, leur réflectivité ainsi que d’autres signatures, les astronomes peuvent déterminer de quel corps parent provient un astéroïde donné. Mais établir précisément leur berceau constitue une tout autre paire de manches.
Découvert en 2016, Kamo’oalewa mesure entre 46 et 58 mètres de large. Il s’agit d’un quasi-satellite de la Terre : s’il tourne techniquement autour du Soleil, l’influence gravitationnelle de notre planète se révèle suffisamment importante pour qu’il ne quitte jamais son giron. Trois ans après qu’une étude a révélé qu’il s’agissait probablement d’un fragment de Lune, sur la base de sa réflectivité et de son orbite, une équipe internationale de scientifiques a pu établir son lieu de naissance précis.
Des modélisations avancées ont montré que pour qu’un fragment de roche de la taille de Kamo’oalewa s’éloigne suffisamment de notre satellite naturel, l’impact d’un astéroïde massif d’au moins 1 km de large, à l’origine d’un cratère en mesurant plus d’une vingtaine, aurait été nécessaire. Pour que le quasi-satellite soit encore dans les parages, il aurait également fallu que cet événement se soit produit relativement récemment (au cours des derniers millions d’années).
Le cratère Giordano Bruno
L’équipe a examiné les milliers de cratères parsemant la surface lunaire et n’en a trouvé qu’un seul dont l’âge et la taille correspondaient : le cratère Giordano Bruno, sur sa face cachée. Nommé d’après un penseur italien du XVIe siècle dont les conceptions cosmologiques étaient tellement en avance sur leur temps qu’il fut condamné et brûlé pour hérésie, celui-ci mesure 22 km de large et remonte à 4 millions d’années à peine.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Astronomy, l’impact aurait entraîné l’éjection de plus d’un millier de débris, mesurant des dizaines de mètres de large, dans le cosmos. « La plupart auraient atteint la Terre sous forme de météorites lunaires en moins d’un million d’années, tandis que quelques objets chanceux [dont Kamo’oalewa] auraient adopté des orbites héliocentriques », détaillent-ils.
Nous pourrions obtenir un aperçu sans précédent de Kamo’oalewa dans un avenir proche, grâce à la mission chinoise Tianwen-2, visant à collecter des échantillons de cette roche spatiale.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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