Un antihéros diffère des protagonistes traditionnels, car il ne possède pas toutes les qualités que l’on attribue d’habitude aux héros. Il peut avoir une vision de la morale bien à lui, penser que la fin justifie les moyens ou encore accomplir des missions non pas pour sauver des vies humaines, mais pour son propre gain. En résultent des personnages souvent plus complexes et plus humains que les preux chevaliers blancs habituels.

 

Comprendre l’archétype de l’antihéros

Si on vous parle d’un héros, vous aurez immédiatement certains personnages en tête. Que ce soit un Captain America ou un Harry Potter, ils ont par essence le sens du sacrifice et s’ils vous viennent à l’esprit, c’est bien parce qu’ils correspondent à certains traits de personnalité caractéristiques des héros. Un courage infaillible, une moralité sans concession, un altruisme sans borne, voilà des exemples de qualités que les antihéros peuvent laisser de côté. Il ne suffit pas non plus d’avoir un côté sombre pour pouvoir devenir antihéros, même si certains personnages comme Batman flirtent parfois avec les deux catégories, suivant la série de comics que l’on lit.

 

 

L’antihéros justicier existe bel et bien, simplement, il n’hésitera pas à casser quelques bras pour obtenir des informations plutôt que de demander poliment. Le concept de l’antihéros au défaut qui causera sa perte remonte à l’Antiquité grecque et est resté depuis dans la littérature, donnant naissance à des personnages parmi les plus fascinants de l’Histoire comme Hamlet de William Shakespeare. Dans les comics, ils offrent un net contraste avec la horde de super-héros qui sauvent sans faute la demoiselle en détresse. À l’inverse de personnages comme Superman qui sont la représentation d’une certaine perfection, l’antihéros peut être laid, cynique ou même corrompu.

Il peut tuer le méchant et sauver des gens, mais il le fera peut-être uniquement parce qu’il avait envie de tuer son adversaire. Cela permet également aux créateurs d’écrire l’histoire d’un personnage qui va trouver une certaine rédemption d’ici la fin de sa quête. Un parcours qui le rapproche de son humanité ou qui lui donne l’occasion de se sacrifier et de mériter la première partie de sa dénomination. Un antihéros peut donc se transformer en héros et donc devenir encore plus charismatique ou attachant auprès des lecteurs. Passons en revue les plus marquants d’entre eux dans l’univers des comics.

 

Punisher (Marvel)

Nommé par Stan Lee, mais créé par Gerry Conway et John Romita, le Punisher apparaît pour la première fois en 1974 en tant qu’adversaire de l’homme-araignée dans The Amazing Spider-Man, numéro 129. Il faut attendre 1986 pour qu’il puisse avoir son propre comics qui engrange un succès mitigé entrainant son annulation en 1995. Cinq ans plus tard, le personnage revient en force avec The Punisher et il est resté populaire depuis. Derrière ce nom évocateur, il y a Frank Castle, un vétéran de guerre maître en technique de combat et en infiltration. Sa famille est assassinée dans les rues de New York et il décide d’exercer sa propre justice pour gérer son deuil. Au programme pour arriver à ses fins : menaces, torture, extorsion, kidnapping et assassinats ! Un protagoniste qu’il vaut mieux avoir de son côté.

 

Spawn (Image Comics)

Entièrement imaginé par Todd McFarlane, le personnage de Spawn débute avec son propre comics éponyme en 1992. Avant de devenir un antihéros, le protagoniste, Albert Simmons, est un agent de la CIA qui au fur et à mesure de son ascension dans l’organisation commence à remettre en doute les méthodes de cette dernière. Une thématique qui résonne encore fortement aujourd’hui. Albert est victime d’un complot et se fait assassiner. Mais ce n’est pas fini pour lui ! Une fois mort, il se retrouve en Enfer et fait un pacte avec un démon du nom de Malebolgia pour revenir d’entre les morts et pouvoir revoir sa famille en échange de son âme. Mais une fois revenu sur Terre, des années se sont écoulées et la personnalité d’Albert Simmons laisse de plus en plus place à l’entité Spawn. Avec ses capacités démoniques et ses capacités de régénération, il se retrouve mêlé à un conflit divin. Et croyez-nous, il ne va pas se ranger du côté des anges…

 

Rorschach (DC Comics)

Sans doute l’un des meilleurs personnages de comics toutes catégories confondues. Pourquoi ? Parce que son écriture est impeccable et qu’elle détient une richesse et une profondeur philosophique autrement rare dans le monde des super-héros. Résultat d’une enfance atroce et d’un mal-être profond, c’est une expérience traumatisante de sa vie adulte où une petite fille est découpée et mangée par un criminel qui va définitivement conclure la transformation de Walter Kovacs en Rorschach. Ses méthodes sont brutales et sa violence est expéditive, mais nécessaire à ses yeux. Avec un sens de la justice très manichéen, il ne donne aucune seconde chance aux criminels de se racheter. Sa bestialité ne l’exempt cependant pas de défendre les grands idéaux de l’Humanité comme des héros plus génériques et cette quête d’un monde meilleur le poussera à faire l’ultime sacrifice. Pour en savoir plus sur la personnalité fascinante de Rorschach dans l’univers de Watchmen, c’est par ici.

 

Deadpool (Marvel)

Si le précédent est sûrement le mieux écrit, Deadpool est le plus populaire. Et à juste titre. Son véritable nom est Wade Wilson. C’est un mercenaire à la santé mentale chancelante capable de régénérer ses cellules au point de survivre aux incendies et même à une décapitation. Pratiquement invincible, Deadpool a pourtant développé un cancer avant d’obtenir ses pouvoirs. Ses cellules cancéreuses se régénérant sans cesse au cours de ses batailles, son visage est maintenant entièrement scarifié. Maitrisant les arts martiaux et le maniement des armes en tout genre, Deadpool est aussi et surtout connu pour être hilarant. Il agace souvent ses adversaires en les tournant en ridicule lors de monologues qu’il récite entre deux coups de poing et un chargeur de fusil d’assaut. Deadpool est déjà différent de par son statut d’antihéros, mais il diffère encore plus dès lors qu’il brise le quatrième mur. En effet, il est pleinement conscient d’être un personnage de comics et s’adresse parfois directement aux lecteurs. Complètement déjanté et psychotique, Deadpool travaille avant tout pour son propre gain, mais se révèle peu à peu comme un des personnages parmi les plus justes de l’univers des comics.

 

Les antihéros donnent une liberté aux auteurs de comics qu’ils ne peuvent pas nécessairement exploiter avec des héros unidimensionnels. Pour la plupart d’entre eux, la brutalité dont ils font preuve révèle aussi une haine plus profonde de l’injustice. Découvrir le grand coeur qui sommeille dans les ténèbres de ces personnages est souvent la clef d’une narration qui expose des protagonistes plus humains et réalistes. Préférez-vous les antihéros ou les héros plus traditionnels ?

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