Des scientifiques chinois ont découvert avec étonnement qu’une poignée d’espèces d’araignées partageaient d’étranges similitudes avec les mammifères. Certaines mères sont en effet capables de produire des liquides nutritifs proches du lait pour nourrir leur progéniture. Découverte.

 

Un lait maternel indispensable à la survie des bébés araignées

Réputés pour la vitesse ahurissante à laquelle ils grandissent, les petits de la Toxeus magnus, sorte d’araignée sauteuse originaire d’Asie du Sud-Est, atteignent la moitié de la taille d’un spécimen adulte au cours de leurs 20 premiers jours sans jamais quitter le nid. Une caractéristique étonnante qui a poussé une équipe de chercheurs chinois à les observer de plus près pour percer leur mystère. Comme l’a expliqué Zhanqi Chen, chercheur à l’Académie chinoise des sciences et responsable de l’étude parue dans la revue Science : « Nous ne comprenions pas comment les petits pouvaient grandir aussi rapidement sans nourriture jusqu’à ce que je vois l’un d’entre s’accrocher au ventre de sa mère ».

Convaincus que les mères araignées « allaitaient » leur progéniture avec un liquide nutritif semblable au lait des mammifères, Chen et ses collègues ont placé plusieurs spécimens sous un microscope et ont pressé délicatement leur abdomen, duquel ont jailli quelques gouttelettes d’un liquide blanc à la texture crémeuse, qui contenait des matières grasses et disposait d’une concentration en protéines près de quatre fois supérieure à celle du lait de vache. Après avoir constaté que les bébés araignées privés de cette substance ne survivaient pas plus de 10 jours, l’équipe a conclu que ce lait était indispensable à leur croissance.

 

Des soins maternels prolongés

Si les jeunes Toxeus magnus commencent à chasser pour se nourrir 20 jours après leur éclosion, elles ne se sèvrent pas avant l’âge de 40 jours et se nourrissent d’un mélange de lait d’araignée et d’insectes durant cette période. Lorsque l’équipe retirait les mères araignées, le taux de survie des spécimens « orphelins » était de 40 % inférieur à celui des jeunes araignées qui avaient continué à consommer le liquide nutritif produit par leur génitrice. Selon les scientifiques chinois, la substance en question pourrait être fabriquée à partir d’œufs non fécondés que la mère recyclerait, comme c’est le cas chez certains invertébrés.

Plus surprenant encore, il semblerait cette source essentielle de nutriments ait également une forte incidence sur le taux de survie des jeunes araignées femelles. Lorsque les mères continuaient à s’occuper de leur progéniture après 20 jours, environ 84 % des petits atteignant l’âge adulte étaient des femelles, contre seulement 50 % lorsque celles-ci étaient retirées des nids par les chercheurs. Selon Zhanqi Chen : « Ces soins maternels prolongés augmentent largement les chances de survie des jeunes araignées et un ratio plus élevé de femelles est toujours bénéfique pour l’accroissement d’une population. Qui dit plus de femelles, dit évidemment plus de petits ».

© Wikimedia Commons
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