Bien que la vente, l’exportation et la possession d’écharpes à base de laine d’antilope du Tibet, appelées « shahtooshs », soient interdites dans la grande majorité des cas, des centaines de spécimens continuent d’être massacrés afin de fabriquer ces étoffes dont les riches Occidentaux sont particulièrement friands.

Une véritable toison d’or

Considérées comme menacées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les antilopes du Tibet, que l’on trouve principalement dans la région de Changtang, continuent d’être massacrées par centaines afin de satisfaire la forte demande en shahtooshs, écharpes confectionnées à partir de leur laine incroyablement soyeuse, sur le marché occidental. Tissées dans l’État du Jammu-et-Cachemire, au nord de l’Inde, celles-ci peuvent en effet être vendues jusqu’à 20 000 euros l’unité. On estime qu’il faut environ quatre antilopes pour en fabriquer une seule.

Au cours du 20e siècle, la demande en shahtooshs était telle que les populations d’antilopes du Tibet avaient été réduites de près de 90 %. Victime d’un braconnage incessant, l’espèce ne comptait en effet plus que 75 000 individus au milieu des années 1990. Cependant, une récente prise de conscience, comprenant le renforcement de la protection des espèces et de leurs habitats par la Chine ainsi qu’une meilleure application de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (interdisant le commerce de l’espèce) ont contribué à améliorer leur situation.

De nombreuses saisies d’étoffes réalisées en Europe

Toutefois, National Geographic a souligné dans un long article qu’en dépit de ces mesures, les douaniers continuent de saisir un nombre important de shahtooshs chaque année. Rien qu’entre 2015 et 2018, les fonctionnaires suisses auraient confisqué une quantité d’étoffes ayant nécessité l’abattage de près de 800 antilopes du Tibet. Très prisées par les Occidentaux fortunés en raison de leur rareté, ces écharpes étaient généralement confisquées aux voyageurs européens. Le design moderne de certaines d’entre elles confirmant qu’elles avaient été confectionnées récemment.

Bien que l’antilope du Tibet bénéficie du même niveau de protection que les éléphants, tigres et rhinocéros, aucun recensement complet de leur population n’a jamais été effectué, de sorte que les chiffres avancés concernant leur population restent assez approximatifs. Mais il y a toutefois des bonnes raisons d’être optimiste. Selon Aimin Wang, de la Wildlife Conservation Society en Chine, leur population dépasserait aujourd’hui les 300 000 individus, soit quatre fois plus que durant les années 1990. Il ne reste plus qu’à espérer que cette tendance se poursuive au cours des prochaines années.

L’impressionnante migration des antilopes du Tibet filmée par des scientifiques chinois.
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