Qu’est-ce que les ratons-laveurs, les rats et les corneilles ont tous en commun? Ce sont toutes des créatures hautement intelligentes. Ils sont aussi parmi les plus grands fauteurs de troubles de la ville. Et cela pourrait ne pas être une coïncidence.

« Une course aux armements avec les humains »

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Animal Behavior, des chercheurs ont examiné si l’ingéniosité et la flexibilité comportementale de ces animaux les aidaient à cohabiter avec les personnes vivant dans les zones urbaines, et si ces caractéristiques les mettaient en conflit avec les humains, menaçant paradoxalement leur survie, notamment parce qu’ils étaient vus comme des nuisances ou même des nuisibles. La réponse de l’étude ? De manière générale, oui.

Encore plus étonnant, les citadins peuvent sans le savoir être impliqués dans une sorte de « course aux armements » avec leurs voisins à quatre pattes et à plumes, alors qu’ils deviennent de plus en plus adeptes de la vie urbaine et apprennent à surmonter les moyens de dissuasion. « Les animaux qui créent de nouvelles façons de résoudre les problèmes dans leur environnement pourraient conduire une course aux armements avec les humains, où les animaux et les humains travaillent continuellement pour se surpasser les uns les autres » déclare Lauren Stanton, étudiante en doctorat à l’Université du Wyoming. Des exemples concrets de cette faculté des animaux à échapper aux pièges tendus par les humains ? Là où nous avons inventé des poubelles « à l’épreuve des animaux », les ratons laveurs et les kéas ont appris à ouvrir ces poubelles ; là où nous avons inventé des clôtures électriques, les éléphants ont appris à les désactiver. Ailleurs, les singes maîtrisent l’art du vol à la tire, les rats plongent dans l’eau, et les oiseaux nous volent de la nourriture.

Chasser les animaux des villes altère leur comportement

Pour l’étude, l’équipe de Wyoming University a examiné différents types de capacités cognitives (l’apprentissage, la mémoire, la flexibilité comportementale, la résolution de problèmes) et les a comparés à un comportement antisocial (tuer du bétail, endommager des biens, transmettre des maladies, voler de la nourriture, et blesser les humains). Ils ont ensuite examiné divers types de personnalité et la façon dont ils affectaient la volonté d’un animal d’aborder les environnements urbains. Une disposition curieuse et audacieuse, par exemple, pourrait rendre un animal plus enclin au risque et, par conséquent, plus susceptible d’aborder les humains ou la propriété humaine.

Prenez un citadin ailé : le corbeau. Leur mémoire impressionnante leur permet de prédire quand et où trouver de la nourriture, comme par exemple en mémorisant un calendrier de collecte des déchets. Leur audace pourrait les inciter à sortir et à chercher de la nourriture dans les zones achalandées. En revanche, les animaux moins audacieux comme le coyote peuvent minimiser l’interaction avec les humains et chercher de la nourriture la nuit. Cela semble être une tactique courante selon des recherches récentes : elles suggèrent que de plus en plus d’animaux deviennent nocturnes dans leurs habitudes. « Compte tenu de l’augmentation des populations humaines et de l’expansion dans l’habitat des animaux, il y a une plus grande probabilité de conflit homme-faune » ajoute Benson-Amram. « Notre travail illustre le besoin de recherche sur un plus grand nombre de capacités cognitives chez diverses espèces pour comprendre comment nous pouvons le mieux atténuer ces conflits. » Dans le cas contraire, la cohabitation Homme/animaux dans les villes pourrait vite se dégrader au fil des années…

 

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