Les grands mammifères africains font partie des espèces les plus menacées par l’Homme. Le braconnage est l’une des raisons principales de leur disparition, mais c’est aussi le cas des conflits armés. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs américains et dont les conséquences sont aussi graves qu’insoupçonnées.

 

LES ANIMAUX, VICTIMES COLLATÉRALES DES CONFLITS ?

Les chercheurs de l’université de Princeton, auteurs de cette étude publiée le 10 janvier dans la revue Nature, ont étudié 36 espèces de grands mammifères (éléphants, hippopotames, antilopes…) vivant dans 126 zones protégées de 19 pays africains différents. Si nous sommes tentés de croire que les animaux sont préservés des conflits en vivant dans des zones protégées, c’est en réalité loin d’être le cas.

Entre 1946 et 2010, 71 % des zones protégées situées en Afrique ont été le terrain de conflits armés. À cause de ces combats, plusieurs espèces ont connu un déclin conséquent, les herbivores étant les victimes collatérales de ces conflits qu’ils soient chassés pour l’argent, ou simplement tués à cause de balles perdues. L’étude alerte sur le fait que « les populations sauvages déclinent avec l’augmentation de la fréquence des conflits ».

QUELLES SONT LES ESPÈCES LES PLUS IMPACTÉES ?

Sur les 36 espèces étudiées, on retrouve parmi les plus touchées les éléphants abattus pour leur ivoire. Celui-ci est par la suite revendu afin de financer les combats, mais les pachydermes sont loin d’être les seules victimes. Les antilopes voient également leur population diminuer dangereusement à cause des conflits. À la différence des éléphants, elles ne sont pas chassés pour l’argent qu’elles peuvent rapporter mais pour leur viande.

Joshua Daskin, directeur de l’étude, explique que « on pourrait s’attendre à ce que les éléphants soient plus touchés en raison de la valeur au marché noir de leurs défenses, mais il s’avère que l’effet du conflit persiste pour les autres animaux, buffles, zèbres, gnous, girafes, et beaucoup d’espèces d’antilopes, quand on enlève les éléphants des données ».

LA FAUNE PEUT-ELLE S’EN REMETTRE ?

A l’échelle du continent, les conflits armés ont eu un très gros impact sur les grands herbivores. Toutefois, Joshua Daskin est optimiste quant au sort des espèces menacées. L’étude souligne en effet que malgré les conflits, les activités de conservation dans les zones préservées étaient maintenues.

Les chercheurs évoquent par exemple le cas du parc national de Gorongosa au Mozambique, où plus de 90 % des grands mammifères avaient disparu suite aux guerres qui ont ravagé le pays entre 1977 et 1992, mais « la faune sauvage est revenue à environ 80 % des niveaux pré-guerre. Un effondrement total des populations est rare, montrant que la faune ravagée par la guerre peut s’en remettre ».

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