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Cette nouvelle étude suggère que les dinosaures et ptérosaures les plus massifs étaient les descendants d’ancêtres minuscules, ce qui jette un nouvel éclairage concernant la façon dont les caractéristiques de ces reptiles géants, qu’ils soient terrestres ou volants, ont évolué.

D’importantes implications en matière de paléobiologie

Il y a environ 237 millions d’années, durant le Trias moyen, on trouvait un reptile insectivore de 10 cm de haut dans les jungles primaires de ce qui n’était pas encore l’île de Madagascar. Appelée Kongonaphon kely (signifiant « minuscule tueur d’insectes »), cette créature de taille réduite se situe à la racine de l’arbre généalogique des Ornithodires, partie de la classe des reptiles comprenant les ancêtres communs des dinosaures et des ptérosaures. Et comme le suggèrent ces travaux publiés dans la revue PNAS, celui-ci pourrait nous en apprendre beaucoup sur les origines de ces mastodontes.

Jusqu’à récemment, ces créatures de taille réduite, dont les premiers restes fossilisés avaient été mis au jour en 1998, étaient considérées comme des cas isolés. Les paléontologues ayant longtemps supposé que les dimensions des corps avaient peu évolué entre les premiers archosaures (incluant les dinosaures, les crocodiliens et les ptérosaures) et les Ornithodires, avant de prendre des proportions phénoménales chez les dinosaures et ptérosaures les plus emblématiques.

Cependant, suite à la découverte et à l’analyse de davantage de fossiles semblables au Kongonaphon, John Flynn, auteur principal de l’étude, explique qu’une autre image a fini par émerger, avec des dimensions corporelles ayant fortement diminué chez les spécimens ayant vécu avant que les dinosaures et les ptérosaures ne divergent. En d’autres termes, un véritable évènement de miniaturisation impliquant que les créatures gigantesques du Jurassique et du Crétacé soient issues d’ancêtres de taille extrêmement réduite.

Représentation de Kongonaphon kely par l’artiste Alex Boersma

Un petit reptile insectivore recouvert de duvet

« Ce site fossile au sud-ouest de Madagascar, témoin d’une période méconnue, a révélé des fossiles remarquables », explique Flynn. « Ce qui démontre un nouvelle fois à quel point les découvertes sur le terrain, combinées à la technologie moderne d’analyse des fossiles récupérés, se révèlent essentielles. »

Une partie de l’analyse réalisée a consisté à étudier l’usure dentaire de Kongonaphon, ayant révélé qu’il se nourrissait d’insectes. Un changement de régime alimentaire qui aurait entraîné la miniaturisation de ses ancêtres, et également eu pour effet d’augmenter ses chances de survie et d’évolution via l’occupation des niches écologiques distinctes des autres reptiles qu’il côtoyait, majoritairement carnivores.

En raison de sa taille réduite, induisant une plus grande difficulté à retenir la chaleur, Kongonaphon a sans doute été contraint de développer des mécanismes de thermorégulation performants. La fin du Trias moyen ayant été marquée par des fluctuations climatiques extrêmes, les chercheurs estiment qu’à l’instar de nombreux dinosaures et ptérosaures, celui-ci disposait d’une peau recouverte de duvet, s’étant par la suite transformé en plumes chez ces derniers.

« La découverte de ce minuscule parent des dinosaures et des ptérosaures souligne l’importance des archives fossiles de Madagascar pour améliorer notre connaissance des vertébrés à des époques encore mal connues », estime Lovasoa Ranivoharimanana, de l’université d’Antananarivo. « Des découvertes comme celle-ci aident les gens de Madagascar et du monde entier à mieux apprécier les témoignages exceptionnels de la vie ancienne que notre île conserve. »

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