
Monstres, cris, sang et sursauts… Chaque année, des millions de spectateurs choisissent volontairement de trembler devant leur écran. Pourtant, tout semble indiquer que nous devrions fuir ces émotions désagréables. Alors pourquoi tant d’entre nous prennent-ils plaisir à avoir peur ? La science a quelques réponses, et elles sont aussi fascinantes que dérangeantes. Explications.
La peur, un frisson qui stimule
La peur et l’excitation ne sont pas si différentes qu’on pourrait le croire. Dans les deux cas, notre corps libère les mêmes hormones de stress, accélérant le rythme cardiaque et la respiration, tout en aiguisant nos sens. Les personnes attirées par les émotions fortes adorent cette montée d’adrénaline : elles recherchent l’intensité, qu’elle soit liée à la peur ou au plaisir.
À l’inverse, ceux qui sont plus sensibles peuvent détourner le regard ou se boucher les oreilles pour se protéger, tout en continuant malgré tout à savourer le frisson du danger depuis leur canapé.
Et si, au fond, ce vertige contrôlé était précisément ce qui rend la peur si addictive ?
Une montagne russe émotionnelle
Regarder un film d’horreur, c’est vivre une succession de pics et de creux émotionnels. À la terreur succède le soulagement, et c’est cette alternance qui rend l’expérience si intense.
Dans le film Ça (2017), les adolescents affrontent un clown démoniaque dans des scènes d’angoisse insoutenables, aussitôt suivies de moments plus calmes. Même principe dans Les Dents de la mer : chaque accalmie prépare le spectateur à un nouveau choc.
Cette oscillation entre peur et apaisement crée une véritable catharsis, une façon d’évacuer les émotions négatives dans un cadre sans danger.
Explorer nos limites et nos ténèbres
Les films d’horreur offrent un terrain de jeu psychologique fascinant. Ils permettent d’assouvir une curiosité morbide pour la mort, la violence ou le surnaturel. Zombies, vampires, loups-garous… autant de figures interdites que nous pouvons explorer sans risque.
Ils aident aussi à tester nos propres limites : jusqu’où sommes-nous capables d’aller avant de détourner le regard ? Certaines personnes y voient même un moyen de devenir plus résilientes face aux angoisses de la vie réelle.
Les fans d’horreur, d’ailleurs, semblent mieux gérer la peur que la moyenne : une étude menée pendant la pandémie de Covid-19 a montré qu’ils présentaient moins de détresse psychologique que les autres.
Mais l’horreur n’est pas qu’une affaire de psychologie individuelle : elle est aussi profondément sociale. Regarder un film d’horreur à plusieurs renforce les émotions, ou au contraire, apaise la peur. Et lors d’une soirée en amoureux, c’est même une excellente excuse pour se rapprocher.
Enfin, certaines œuvres réveillent en nous un plaisir coupable : celui de voir des personnages détestables subir le sort qu’ils méritent. Ce sentiment, appelé Schadenfreude, explique pourquoi la mort d’un protagoniste arrogant ou cruel peut, paradoxalement, nous satisfaire.
Affronter nos peurs, sans danger
Les films d’horreur sont un miroir de nos angoisses les plus profondes, mais aussi un refuge : un espace sûr où la peur devient un jeu. Chacun y trouve une raison différente d’y retourner (frisson, curiosité, introspection ou simple plaisir partagé).
Et si, finalement, aimer avoir peur n’était qu’une autre manière d’apprendre à mieux se connaître ? Par ailleurs, faites ce test pour savoir combien de temps survivriez-vous dans un film d’horreur.
Par Cécile Breton, le
Source: Science Alert
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