Vous avez sans doute déjà entendu plusieurs conseils d’alimentation – dispensés par votre médecin, les médias ou les publicités –, que les aliments trop riches en gras, en sucre ou en sel étaient nocifs pour notre santé. On nous a souvent cité les risques de prise de poids, de diabète, de maladies cardiovasculaires ou encore d’hypertension artérielle. C’est de cette dernière dont nous allons parler aujourd’hui.
Une alimentation riche en sodium provoque de l’hypertension artérielle
Un article de Sciences et Avenir du 27 mai dernier nous indique qu’un régime trop riche en sel, et donc en sodium, pourrait accroître les risques de développer une hypertension artérielle. Pour information, l’hypertension artérielle est une pathologie cardiovasculaire définie par une pression artérielle trop élevée. Bien qu’elle ne présente aucun symptôme, cette pathologie peut, avec le temps, causer d’autres problèmes de santé, comme des maladies cardiovasculaires et même provoquer des AVC.
Pour éviter d’en arriver là, les médias et les médecins sensibilisent les consommateurs à réguler leur alimentation et à manger sainement. Comment ? En changeant leurs habitudes alimentaires en consommant moins de sel. Mais la question qui se pose est : Comment consommer moins de sel quand la plupart des aliments dans le commerce sont très riches en sel ou – si l’on cuisine soi-même – pour éviter que le goût des aliments ne soit trop fade ?
Une question épineuse dont les réponses varient selon chaque individu. Néanmoins, alors que ce débat peut se poursuivre longtemps, une équipe de chercheurs chinois a tenté d’apporter un autre élément de réponse à cette question. Et pour cela, ils se sont tournés vers notre perception du goût des plats.
Miser sur d’autres condiments pour rehausser le goût des aliments ?
Dans les années 2010, les chercheurs ont étudié comment certains condiments pouvaient modifier notre perception du goût en rehaussant le goût des aliments. C’est ainsi qu’en 2017, ils ont découvert que la capsaïcine des piments, la molécule qui donne le piquant au piment, pouvait diminuer la sensibilité des individus au sel si bien que ces derniers ne sont pas tentés de trop saler leurs aliments.
Mais ce n’est pas tout. Ces deux dernières années, les chercheurs ont cherché d’autres aliments qui pourraient rétablir l’aversion naturelle que l’on ressent à l’excès de sel. L’équipe du professeur Zhiming Zhu avait effectivement étudié le fait que l’on soit dégoûté par une cuillerée ou une pincée de sel pur. Les chercheurs ont cherché l’origine de ce dégoût naturel pour l’excès de sel et ont découvert un récepteur présent sur les papilles de la langue, dénommé TRPM5.
Le TRPM5 et les aliments très salés
En effet, ce récepteur s’activerait à la perception d’un goût amer. Ainsi, le fait de manger un aliment trop salé peut être perçu comme étant amer par ce récepteur, ce qui provoque une réaction naturelle à manger moins d’aliments trop salés.
Toutefois, l’étude des chercheurs a révélé qu’une alimentation riche en sodium pouvait amoindrir l’activation et la réaction de ce récepteur naturel. Ils sont arrivés à cette conclusion en observant des souris habituées à manger une quantité importante de sodium. Les souris présentaient effectivement peu de récepteurs TRPM5 actifs et n’aimaient pas les aliments peu iodés, si bien qu’elles ingéraient de grandes quantités de sel qui augmentaient leur pression artérielle.
Les aliments amers peuvent restaurer l’aversion naturelle à l’excès de sel ?
Les chercheurs ont alors cherché à modifier cette tendance à consommer l’excès de sel chez les souris et pour ce faire, ils ont étudié l’hypothèse que si le TRPM5 identifiait les aliments trop salés comme étant amers alors les aliments amers devraient pouvoir restaurer les récepteurs TRPM5 et déclencher des réactions d’aversion pour l’excès de sel.
C’est ainsi que le 14 avril 2020, une étude parue dans Science China Life Sciences révèle que les chercheurs ont tenté l’expérience suivante : Ils ont comparé le comportement des souris ayant reçu un régime riche en sel avec celui des souris qui avaient reçu le même régime mais qui, en plus, avaient également mangé un extrait de melon amer. Au bout de 4 mois de régime, les scientifiques ont observé que les souris qui avaient mangé un extrait de melon amer en plus avaient plus de récepteurs TRPM5 ouverts et qu’elles consommaient moins d’aliments salés que les autres souris.
Cela pourrait ainsi vouloir dire que l’aversion naturelle à l’excès de sel a été partiellement restaurée chez ces souris. Toutefois, ces conclusions auront besoin d’être appuyées par des études supplémentaires sur l’Homme avant de pouvoir affirmer que cela est aussi efficace sur les humains. Il faudrait également savoir si d’autres denrées amères que l’extrait de melon amer prodiguent le même résultat.
Par Arielle Lovasoa, le
Source: Sciences et avenir
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