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Selon une nouvelle étude, même une consommation modérée d’alcool ne devrait pas être considérée comme sûre. Ses auteurs signalent que la consommation d’alcool considérée comme étant « à faible risque » peut entraîner de graves problèmes de santé.

38 % des décès imputables à l’alcool enregistrés chez des buveurs modérés ou d’anciens buveurs

Dans le cadre de ces travaux récemment présentés dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs, des scientifiques de l’Institut canadien de recherche sur la toxicomanie et de l’université de Victoria ont déterminé qu’une consommation d’alcool même modérée, s’inscrivant dans les limites des directives hebdomadaires de consommation à faible risque, pouvait entraîner des complications potentiellement mortelles. « Ce n’est pas seulement la consommation excessive d’alcool qui pose problème », explique Adam Sherk, auteur principal de l’étude. « Les buveurs modérés ne sont pas à l’abri des risques. »

En matière de consommation d’alcool à faible risque, le ministère de la Santé canadien estime que les femmes ne devraient pas consommer plus de 10 verres par semaine et les hommes plus de 15 (un verre étant équivalent à 35 cl de bière, 15 cl de vin ou 4,5 cl de liqueur). Des limites légèrement supérieures à celles fixées aux États-Unis et dépassant assez largement celles de la plupart des autres pays à revenu élevé.

Dans leur recherche, Sherk et ses collègues ont constaté qu’en Colombie-Britannique, une part importante des décès et des pathologies dus à l’alcool intervenaient chez les personnes en consommant dans les limites de ces directives. Les scientifiques ont notamment constaté que plus de 50 % des décès par cancer résultant de la consommation d’alcool survenaient chez des buveurs modérés. En outre, 38 % de tous les décès imputables à l’alcool ont été enregistrés chez des personnes ayant consommé moins que la limite hebdomadaire ou chez d’anciens buveurs.

« En matière de consommation d’alcool, moins est toujours mieux »

Si la consommation d’alcool dans le cadre de ces lignes directrices semblait offrir une certaine protection face aux crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux et diabète chez les femmes, « cet effet protecteur ne semblait pas se manifester chez les hommes, qui connaissent de graves complications quel que soit leur niveau de consommation », écrivent les auteurs.

Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé un nouveau modèle en accès libre, connu sous le nom de « Modèle international des dommages et politiques liés à l’alcool » (InterMAHP), pouvant être utilisé pour estimer les dommages liés à l’alcool dans un pays ou un État, de façon globale ou par type de consommateurs.

En raison de ces résultats, Sherk et ses collègues affirment que certaines recommandations nationales en matière de consommation d’alcool, publiées par de nombreux pays afin d’aider les buveurs à prendre des décisions de santé éclairées, sont sans doute trop élevées. Ce qui s’avérerait particulièrement vrai au Canada, où la recherche a été menée.

Pour les chercheurs, les limites de ces recommandations devraient être abaissées pour correspondre à celles des Pays-Bas. « Le meilleur conseil pour limiter les risques reste évidemment de ne pas boire, ou de ne pas dépasser un verre par jour », souligne Sherk. « En matière de consommation d’alcool, moins est toujours mieux. »

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