Depuis plusieurs dizaines d’années, un nombre important de pirates et des navires de pêche illégaux naviguent sur l’océan Indien afin de s’adonner à du braconnage ne respectant aucune consigne écologique et détruisant faune et flore locale, recherchant uniquement le profit. N’étant que très rarement pris en flagrant délit, cette illégalité représente un défi majeur pour les autorités de la région. Mais dorénavant, pour les pêcheurs illégaux, il faudra se méfier des oiseaux puisqu’il pourrait s’agir d’une surveillance nouvelle et efficace. 

Une étude scientifique

Tout part d’une étude sur les albatros, cette espèce menacée également nommée diomédéidés. Ces gigantesques oiseaux de mer détiennent le record de la plus grande envergure parmi l’ensemble des oiseaux volants, allant jusqu’à 3,4 mètres. Actuellement considérée comme une espèce classée vulnérable, c’est la première des trois phases d’une espèce menacée, avant d’être considérée comme éteinte. Il s’agit là d’un cas préoccupant, c’est pourquoi des instituts comme le Chize Biological Study Center, un centre français souhaitant préserver les espèces d’oiseaux de la sorte se penchent sur le sujet.

Ainsi, dans une optique initialement scientifique, il est prévu d’équiper entre novembre et mars un large échantillon de 150 albatros à l’aide de petites balises. Le but de ces dernières est de détecter les signaux produits par les navires, lors de leur rencontre en mer. Sous le nom d’opération « Ocean sentinel » ce programme de préservation a déjà été testé en Afrique du Sud durant le début d’année.

Crédit : pixabay

 

Danger émanent des navires

Si la relation entre navires et albatros est visée par cette étude, c’est parce qu’elle représente le principal risque de mort pour les oiseaux. Selon Henry Weimerskirch, directeur de recherche au centre français, une des principales menaces pour les oiseaux provient de la pêche commerciale : les albatros cherchant de la nourriture viennent au contact des poissons, et se font prendre au piège dans les filets rigides, et finissent par se noyer. Pour tirer le signal d’alarme, l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) explique que sur les 22 espèces d’albatros recensées, 18 sont directement menacées. Il existe environ 25 000 couples reproducteurs de grands albatros (diomedea exulans) dans le monde.

Cette technique de pêche agressive a été pointée du doigt par les autorités et des progrès ont été réalisé, en demandant aux pêcheurs de prendre un certain nombre de mesures : agir davantage lors de la nuit, de s’arrêter plus longuement afin que leurs lignes coulent plus rapidement et ne restent pas en surface (ce qui affectaient les albatros, ne plongeant pas) mais également de ne pas exercer quand la saison des pontes est en cours. Depuis, la population des albatros est encourageante, mais la mortalité des plus jeunes a continué d’augmenter ce qui interroge les scientifiques.

Crédit : pixabay

Fonctionnement et atouts de la balise

Les balises utilisées afin d’équiper les oiseaux seront spécialement légères afin de ne pas entraver leurs déplacements et pouvoir ainsi garder les mêmes trajectoires de vol. N’excédant pas les 70 grammes, construites en collaboration avec la Nouvelle-Zélande, les balises seront placées au dos des albatros, ce qui permettra aux chercheurs de suivre leurs déplacements, et ainsi analyser leurs habitudes alimentaires.

Comme dit précédemment, ces balises permettront aussi de détecter des signaux magnétiques quand un albatros entrera à moins de trois kilomètres d’un navire. Ce qu’il faut bien avoir en tête, c’est qu’un bateau ayant l’intention de pêcher illégalement va avoir tendance à désactiver tous ses systèmes d’identification (qu’on nomme AIS pour automatic identification system) afin d’échapper au suivi satellite et s’adonner à son activité illégale. En effet, cette technologie donne des informations sur leur statut, position, route, matricule du bateau… Mais malgré cette désactivation de leur système, ils ont toujours besoin de fonctionner avec un radar plus léger pour des raisons de sécurité et de navigation, et ces derniers seront détectables par les balises.

Weimerskitch rajoute que durant les tests effectués à dos d’oiseaux, plus de la moitié des bateaux rencontrés avaient désactivé leur AIS. La distance de détection allant au maximum à 3000 mètres, cela permet de localiser un navire dans la demie heure qui suit. Les bateaux suspects recevront premièrement une demande d’autorisation, les navires se devant légalement d’avoir leur système d’identification allumé, et si ces derniers refusent, il sera désormais possible de contacter les autorités pour une éventuelle interception physique.

L’avantage des albatros est qu’en plus d’être un oiseau, ce qui minimise la méfiance des navires illégaux, ils peuvent parcourir jusqu’à 20 000 km en quinze jours, ce qui en fait un patrouilleur exceptionnel. Fort de leur bonne santé, ils peuvent vivre jusqu’à 60-70 ans et ainsi être un partenaire intéressant sur le long terme.

Crédit : unsplash

Si ce programme s’avère efficace et continue d’obtenir les mêmes résultats qu’en Afrique du Sud, il est prévu d’y faire recours l’année prochaine en Nouvelle Zélande et dans les îles hawaïennes afin de continuer la lutte pour préserver les animaux et, possiblement, pacifier les eaux troublées par le braconnage.

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