C’est un jour de chance pour la science. En 2014, un agriculteur de Haute-Garonne faisait sur ses terres une découverte extraordinaire dont il ne redoutait certainement pas l’importance pour le champ de la paléontologie. C’est seulement trois ans plus tard que les scientifiques s’en sont emparés, avant d’être enfin dévoilée ces jours-ci au Muséum de Toulouse : il s’agit du premier fossile crânien d’un mastodonte des Pyrénées – Gomphotherium pyreneicum – jamais découvert. Une aubaine.

UNE DÉCOUVERTE HISTORIQUE ET HEUREUSE

En 2014, un agriculteur de L’Isle-en-Dodon, en Haute-Garonne, découvre sur son terrain le crâne de ce géant de la Miocène (période allant de 23,03 à 5,3 millions d’années avant le présent), surnommé à juste titre le « Mastodonte des Pyrénées« , dont on avait seulement retrouvé quelque molaires dans la région en 1857. Par peur d’être envahi par les curieux et les envieux, l’agriculteur cache sa découverte et n’en parle à personne. C’est seulement en 2017 qu’il décide de faire enfin appel à des experts, qui se précipitent sur le terrain et pressentent très vite l’identité de ce fossile. A noter que, dans un élan de générosité, le propriétaire du terrain a décidé d’offrir le fossile au Muséum, qui a pu d’emblée entamer le dégagement du fossile. Aujourd’hui, cette découverte constitue une grande fierté pour les chercheurs du Muséum. C’est un effet le premier crâne complet de cette espèce jamais découvert.

« On met aujourd’hui un visage sur une espèce qui était devenue quasi mythique », s’éclame à raison Pierre Dalous, conservateur du Muséum de Toulouse, lors de la présentation du fossile à la presse la semaine dernière.

L’ORIGINE DU MASTODONTE DES PYRÉNÉES

Ce spécimen très rare trouvé près de Toulouse fait partie de la famille des Gomphotherium, ancêtres des éléphants et du mammouth, espèce ayant principalement vécu sur le continent africain il y a 18 millions d’années et qui s’est éteinte il y a environ 1,5 millions d’années, après avoir migré vers le continent européen. Les Gomphotherium comptaient quatre défenses imposantes, pouvaient mesurer jusqu’à 3 mètres de haut et peser jusqu’à 4 tonnes. Le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris en possède notamment un squelette complet retrouvé au début du 19e siècle à Sansan, dans le Gers.

Squelette d’un gomphotherium productum – AMNH (American Museum of Natural History)

EFFORTS COMMUNS POUR LA SCIENCE

Il s’agit, pour Francis Duranthon, directeur du Muséum, d’une « découverte exceptionnelle que tous les paléontologues spécialistes des vertébrés et en particulier du groupe des éléphants attendaient depuis plus de 160 ans ». Un véritable coup de chance donc pour les paléontologues français. En effet, ces derniers pourront remercier le propriétaire du fossile de s’être finalement risqué à l’expertise scientifique et d’avoir cédé sa découverte au nom de la science. Et les exemples de découvertes résultant de ce type de collaborations ne manquent pas.

En mai 2017, la ville d’Angers annonçait avoir pris possession d’ossements parfaitement conservés d’un Plésiosaure, reptile marin vieux de 90 millions d’années, retrouvés dans la cave troglodyte d’un particulier de la région. Voilà bel et bien la preuve que la science peut aussi avancer grâce à la lucidité de certains individus confrontés malgré eux à des objets mystérieux, dépassant le seuil de leur propre raison et les bornes de leur imagination.

The Houston Museum of Natural Science

 

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