Adrien Proust, père de l’écrivain Marcel Proust, était un hygiéniste reconnu au XIXe siècle. Théoricien de la quarantaine et de la distanciation sociale, il est malheureusement tombé dans l’oubli, et on peut voir aujourd’hui que ces prescriptions n’ont pas été suivies.
Il a encouragé le lavage des mains fréquent ainsi que le « cordon sanitaire »
Adrien Proust (1834-1903) a théorisé la quarantaine, le confinement (qu’il appelait « séquestration »), le cordon sanitaire et de la distanciation sociale. Né près de Chartres, à Illiers-Combray, ses parents sont de petits commerçants. Il est boursier, docteur à 28 ans, croit aux médicaments et se spécialise, vers 40 ans, en hygiène. Républicain, positiviste laïc, athée, il sera toute sa vie intéressé par la question sociale.
Il sera souvent envoyé en mission, notamment en Russie, en Perse, dans l’Empire ottoman, « pour essayer de comprendre comment se transmettent les épidémies dans ces régions qui sont des zones intermédiaires entre l’Asie, l’Inde britannique, et l’Europe« , rappelle à France Culture Stéphane Frioux, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Lumière Lyon 2. Durant ses voyages, il rapportait n’avoir contracté aucune maladie, du fait qu’il se lavait les mains régulièrement.
Le précurseur de notre actuelle OMS
À l’époque, les grandes conventions internationales sont légion. Il est souvent chargé de représenter la France lors de ces conférences sur la santé. En 1892, à Venise, lors de l’une de ces conférences, il propose de créer une structure internationale permanente, qui aurait pour mission d’élaborer une charte sanitaire commune, dans le but d’harmoniser les politiques sanitaires communes.
Il préconisait la quarantaine pour les bateaux de commerce revenant de pays où les épidémies faisaient rage. Il a élaboré l’idée de cordon sanitaire, en généralisant les « lazarets », endroit, notamment à Marseille, où les équipages des bateaux de commerce rentrant de voyages étaient confinés le temps d’être inspectés et hors de danger (et qu’ils ne soient pas un danger eux-mêmes). Il généralise donc le concept de distanciation sociale. Il se battait pour que les Britanniques et les Ottomans mettent en place de vrais contrôles sanitaires, en particulier pour que les premiers privilégient plutôt la santé publique que le commerce.
Toutefois, sur un plan plus personnel, son idée de confinement était à l’opposé de celle vécue par son fils Marcel. Alors que l’écrivain a passé une grande partie de sa vie confiné, les volets fermés, à écrire, l’hygiéniste, au contraire, prône, notamment contre l’asthme (dont souffrait Marcel), d’ouvrir la fenêtre, faire de l’exercice et sortir. Il disait dans son traité d’hygiène qu’il « faut triompher de la poussière et aérer ».