De minuscules arachnides mènent une vie secrète à l’intérieur des pores de notre épiderme, qu’ils ne quittent que la nuit pour s’accoupler. Le tout premier séquençage de leur génome suggère qu’ils deviennent de plus en plus dépendants de nous, ce qui pourrait à terme entraîner leur extinction.
D. folliculorum
Mesurant seulement 0,3 mm de long, les représentants de l’espèce Demodex folliculorum colonisent la peau d’environ 90 % de la population, et s’avèrent particulièrement abondants au niveau des ailes du nez, du front, du canal auditif et des mamelons. Ces acariens s’avèrent tout à fait inoffensifs, se nourrissant du sébum naturellement sécrété par certaines glandes de notre épiderme, ils sont probablement présents depuis le tout début de notre vie, ayant été transmis par notre mère à la naissance ou durant l’allaitement.
« Leur longue histoire avec l’Homme suggère qu’ils jouent des rôles basiques mais bénéfiques, en empêchant par exemple que les pores de notre visage ne s’obstruent », souligne Henk Braig, chercher à l’université de Bangor et auteur principal de la nouvelle étude, parue dans la revue Molecular Biology and Evolution.
Afin de mieux cerner cette relation, Braig et ses collègues ont séquencé les génomes de plusieurs spécimens de D. folliculorum, prélevés sur le nez et le front d’un sujet à l’aide d’un extracteur de points noirs. Chaque échantillon renfermait environ une quarantaine de ces minuscules créatures.
Des acariens se trouvant dans une impasse évolutive
Leurs analyses ont montré que ces créatures survivent grâce à un ensemble minimal de protéines, le plus faible jamais observé chez un insecte, un arachnide ou un crustacé. Cette perte de diversité génétique a entraîné une réduction extrême du nombre de cellules chez les spécimens adultes, première étape évolutive probable dans leur cheminement vers l’adoption d’un mode de vie entièrement symbiotique au sein de nos tissus.
Sans possibilité d’acquérir des gènes supplémentaires auprès d’acariens moins étroitement apparentés (ils ne semblent pas passer d’un humain à l’autre lors de contacts physiques étroits), leur existence isolée et la consanguinité qui en résulte les placent dans une impasse évolutive, impliquant à terme leur probable extinction.
« Si cela devait se produire un jour, il s’agirait d’une bien mauvaise nouvelle pour notre espèce, étant donné que ces minuscules créatures sont associées au maintien d’une peau saine », estime Alejandra Perotti, chercheuse à l’université de Reading et co-auteure de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: The Guardian
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