Selon une étude australienne, les abeilles seraient capables d’apprendre que zéro est inférieur à un.

« Zéro est une chose difficile à comprendre pour le cerveau »

On savait déjà que notre parent animal le plus proche, le chimpanzé, pouvait comprendre que zéro est inférieur à un. Ce que viennent de découvrir des chercheurs australiens, c’est que l’abeille en est également capable. La méthode de ces chercheurs pour y arriver ? Ils ont formé les abeilles comme on dresse de nombreux animaux : avec de la nourriture. « Vous avez une goutte de saccharose associée à une couleur ou une forme, et elles apprendront à revenir de manière fiable à cette couleur ou cette forme », explique Adrian Dyer, chercheur à l’Institut royal de technologie de Melbourne, et co-auteur de l’étude parue dans le magazine Science.

Avec ce processus simple, vous pouvez commencer à enseigner des règles aux abeilles. Ici, les chercheurs ont voulu enseigner à 10 abeilles les règles de base de l’arithmétique. Ils ont donc sorti une série de feuilles de papier qui avaient un nombre différent d’objets imprimés sur eux. En utilisant le sucre comme récompense, les chercheurs ont appris aux abeilles à toujours voler vers la feuille qui avait le moins d’objets imprimés dessus. Une fois que les abeilles ont appris cette règle, elles ont pu comprendre de manière fiable que deux formes font moins que quatre formes, ou qu’une forme est plus petite que trois. Et ils continueraient à le faire même quand une récompense sucrée ne les attendait pas.

Ensuite, est venu LE défi de l’étude : que se passe-t-il lorsqu’une feuille sans aucun objet est présentée aux abeilles ? Comprendront-elles qu’une feuille blanche – qui représentait le concept de zéro dans cette expérience – était inférieure à un ? Elles l’ont fait, et ont choisi la page blanche dans 60 à 70 % des cas. Mais elles étaient quand même meilleures lorsqu’il s’agissait de différencier un grand nombre, comme six. La raison ? « Zéro est une chose difficile à représenter pour le cerveau », explique Dyer.

 

Les abeilles, des insectes plus intelligents que la norme ?

Dans des travaux antérieurs, Dyer et son équipe ont montré que les abeilles sont capables d’accomplir un ensemble de tâches incroyablement complexes. Par exemple, lui et ses collègues ont découvert en 2010 que les abeilles peuvent être entraînées à apprendre et à se souvenir de visages humains, et qu’elles le font d’une manière qui n’est pas entièrement différente de la façon dont nous le faisons.

Dans un supplément de Science, Andreas Nieder, un neurobiologiste allemand, explique pourquoi il est si étonnant que les humains et les abeilles démontrent des capacités cognitives similaires. « Leur dernier ancêtre commun, une humble créature qui avait à peine un cerveau, vivait il y a plus de 600 millions d’années, une éternité en termes d’évolution », écrit Nieder. « Mais d’une façon ou d’une autre, séparément, les vertébrés et les insectes ont développé ces compétences similaires », écrit-il ensuite. Cela veut-il dire que les abeilles sont plus intelligentes que les autres insectes ? Dyer estime plutôt que ses travaux montrent « qu’un spectre beaucoup plus large d’animaux peut traiter l’idée de zéro ». Sauf que pour le moment, ce type d’expérience n’a pas encore été entrepris avec d’autres insectes.

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