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« Le siège de l’âme » : des siècles plus tard, cette croyance popularisée par Descartes perdure

L’influence considérable du polymathe français n’y est évidemment pas étrangère

—© André Hatala / Wikimedia Commons

Au coeur de votre cerveau se niche une minuscule glande, qui intrigue penseurs et scientifiques depuis des siècles. Selon René Descartes, elle constituait le « siège de l’âme », une idée largement infondée, mais jouissant toujours d’une certaine popularité.

Une minuscule structure conique

Le dualisme cartésien postule que l’âme (res cogitans) et le corps (res extensa) sont deux entités distinctes, de nature différente mais interagissant étroitement. Dans un ouvrage paru en 1649, le célèbre polymathe français estimait que leur « point de contact » se situait au niveau de la glande pinéale.

Selon lui, cette structure conique d’à peine 10 millimètres de long remplissait un rôle essentiel, en associant les informations sensorielles provenant de nos systèmes visuel, auditif et tactile.

Si son fonctionnement n’est pas encore parfaitement compris, il s’avère que la glande pinéale sécrète de la mélatonine, petite molécule favorisant l’endormissement, et contribue de ce fait à la régulation de notre rythme circadien (éveil/sommeil).

Dans le cadre de travaux publiés dans le Journal of the History of the Neurosciences, des chercheurs se sont penchés sur les conséquences à long terme de cette erreur de Descartes. En d’autres termes : les idées farfelues colportées au cours des 380 dernières années par des personnalités influentes.

La glande pinéale (en rouge) — © Life Science Databases / Wikimedia Commons

Affirmations fantaisistes

En 1888, l’occultiste russo-américaine Helena Blavatsky rapprochait cette petite glande du troisième oeil ou « Ajna », siège de l’intuition, du savoir et de la sagesse pour les bouddhistes et les hindouistes. La fondatrice du mouvement théosophique évoquait également sa mention dans d’obscurs textes indiens plurimillénaires (dont il n’existe évidemment aucune trace).

Au début du XXe siècle, le philosophe allemand controversé Rudolf Steiner estimait que la calcification de la glande pinéale, souvent observée dans les cerveaux adultes et liée à une baisse de production de la mélatonine, était destinée à absorber les énergies spirituelles. Incapable d’interagir avec les « forces supérieures », les personnes ne présentant pas de tels dépôts de « sable cérébral » s’appauvrissaient spirituellement et intellectuellement.

Bien qu’ils ne blâment pas uniquement Descartes, les auteurs de l’étude estiment que son influence considérable sur la science moderne contribue largement au fait que près de quatre siècles plus tard, des affirmations fantaisistes concernant la glande pinéale continuent d’être avancées.

Pour aller plus loin, découvrez ces 10 théories scientifiques ahurissantes et pourtant acceptées pendant des siècles.

Par Yann Contegat, le

Source: IFL Science

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