Aller au contenu principal
Depuis dix ans, une anomalie géomagnétique au sud de l’Atlantique ne cesse de s’étendre. Ce phénomène, longtemps stable, semble aujourd’hui s’accélérer à un rythme inquiétant. Et ses conséquences pourraient concerner bien plus que les seuls spécialistes du magnétisme terrestre.
Une anomalie vieille de deux siècles qui prend soudain de l’ampleur
Au large du Brésil, dans l’Atlantique Sud, se trouve une région étrange : le champ magnétique terrestre y est nettement plus faible qu’ailleurs. Les scientifiques la connaissent depuis le XIXe siècle et l’ont baptisée anomalie magnétique de l’Atlantique Sud.
Cette faiblesse s’explique par la position des ceintures de Van Allen, remplies de particules issues du vent solaire. À cause de l’inclinaison de la Terre, ces ceintures sont plus proches de la surface au sud de l’Atlantique, et plus éloignées au nord du Pacifique. Résultat : un niveau de radiation plus élevé au-dessus de cette zone.
Ce phénomène naturel restait jusque-là stable. Mais en 2013, l’Europe lance la mission Swarm, une constellation de trois satellites destinés à mesurer le champ magnétique terrestre. Et leurs données vont révéler un changement spectaculaire.
Depuis 2014, l’anomalie s’étend à grande vitesse
Dès le début des mesures, les satellites Swarm confirment l’existence de l’anomalie. Mais surtout, ils montrent qu’elle s’étend rapidement. Entre 2014 et 2025, la zone concernée a quasiment doublé, atteignant les abords de l’Afrique du Sud.
En une décennie, la surface de l’anomalie a augmenté de l’équivalent de la moitié de l’Europe. Et depuis 2020, l’affaiblissement du champ magnétique dans cette zone s’est nettement accéléré. Selon Chris Finlay, spécialiste du géomagnétisme à l’Université technique du Danemark, le plus troublant est que « le champ magnétique, au lieu de sortir du cœur terrestre, semble y retourner localement ».
Cette observation remet en question certaines hypothèses sur la dynamique interne de la planète. En effet, c’est à l’interface entre le noyau liquide et le manteau rocheux que naît le champ magnétique. Or, quelque chose semble y perturber son comportement dans cette région spécifique.
Un phénomène géophysique aux répercussions technologiques mondiales
Les conséquences de cette anomalie ne se limitent pas aux seuls modèles géophysiques. En effet, le champ magnétique terrestre agit comme un bouclier contre les radiations solaires. Là où il est affaibli, les satellites, avions et systèmes de navigation sont plus exposés.
Cette surexposition peut provoquer des dysfonctionnements sur les satellites, des perturbations GPS, et affecter les communications. Ce n’est donc pas un simple détail pour les opérateurs spatiaux ou les compagnies aériennes. Plus l’anomalie s’étend, plus la zone de risque grandit.
Par ailleurs, des variations ont aussi été détectées ailleurs. Dans l’hémisphère nord, le champ magnétique s’est renforcé en Sibérie, alors qu’il a perdu en intensité au-dessus du Canada. Une redistribution des forces géomagnétiques est donc à l’œuvre à l’échelle planétaire.
Swarm en fin de mission : quel avenir pour la surveillance du champ magnétique ?
La mission Swarm, initialement prévue pour durer jusqu’en 2017, continue de fournir des données essentielles huit ans plus tard. Mais les satellites arrivent en fin de vie. Pour les chercheurs, il devient urgent de préparer leur relève.
Sans nouvelle mission, nous risquons de perdre notre capacité à surveiller précisément l’évolution du champ magnétique, alors même que celui-ci montre des signes de plus en plus dynamiques. Une situation qui inquiète autant les scientifiques que les acteurs du spatial.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Pas de panique .. on va arranger cela avec des éoliennes, des PV et des batteries
Demandez à la Viking elle va vous l’expliquer