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« Non, les premiers singes ne vivaient pas dans la jungle » : des fossiles révèlent des origines bien plus froides que prévu

Quand on parle des premiers primates, on imagine tout de suite une scène tropicale : lianes, bananiers, cris d’oiseaux exotiques et chaleur moite. Pourtant, les découvertes fossiles bousculent ce cliché. Nos ancêtres à grands yeux et mains agiles ne sont pas nés sous le soleil équatorial. Ils ont dû s’endurcir dans des milieux froids et contraignants, loin de la luxuriance des tropiques.

Site archéologique en forêt avec une fouille révélant des ossements anciens disposés dans une fosse, entourée de matériel de chercheurs.
Illustration d’une fouille archéologique en pleine forêt : des ossements anciens exhumés du sol, témoins d’un passé encore mystérieux – DailyGeekShow.com / Imagen

Pourquoi l’image populaire des singes tropicaux ne reflète pas la réalité des origines

Longtemps, les chercheurs ont cru que les primates venaient des forêts tropicales, riches en fruits et au climat stable. Après tout, la plupart des espèces actuelles y vivent.

Mais cette hypothèse était plus un raccourci qu’une certitude. Le raisonnement était simple : « si les singes d’aujourd’hui sont tropicaux, leurs ancêtres devaient l’être aussi ». La science aime pourtant déjouer les évidences.

Grand Singe
— Ondrej Prosicky / Shutterstock.com

Les fossiles racontent une autre histoire. Des restes de plésiadapiformes, proches des primates, ont été retrouvés en Écosse, au Canada ou dans le Wyoming.

Pas vraiment des terres de cocotiers. Et si, à l’époque (il y a environ 56 millions d’années), le climat était plus doux qu’aujourd’hui, il n’avait rien d’équatorial. Les premiers primates vivaient dans des forêts tempérées, soumises à de fortes saisonnalités et parfois recouvertes de neige.

Des dents fossilisées qui prouvent une alimentation variée et adaptée aux saisons

Les études récentes montrent que ces proto-primates n’étaient pas de grands amateurs de fruits tropicaux. Leurs dents fossilisées, examinées au microscope, révèlent un régime alimentaire varié : graines, insectes, bourgeons. Bref, tout ce qui était disponible selon les saisons. Des opportunistes plutôt que des fins gourmets.

Leur morphologie rappelle celle de rongeurs grimpeurs comme les gliridés, capables de survivre dans des habitats froids et fragmentés. Petits, nocturnes et débrouillards, ces animaux misaient sur la flexibilité.

Ce n’est pas l’abondance qui a forgé leurs capacités, mais la contrainte. Voilà peut-être la clé de l’évolution des primates : apprendre à composer avec la pénurie.

Comment un climat froid et imprévisible a stimulé les premières capacités cognitives

S’adapter à un environnement rude n’est pas simple. Mais c’est dans ce défi que les premiers primates ont trouvé leur avantage. Pour survivre, ils ont développé une mémoire plus fine (se rappeler où trouver de la nourriture), une capacité à anticiper les saisons, et sûrement des comportements sociaux favorisant le partage.

Bref, les premières étincelles cognitives.

Le froid a aussi modelé leur corps et leurs sens : une vision nocturne renforcée, des aptitudes à se déplacer sur des branches glissantes, une plasticité biologique capable de résister à de longues nuits d’hiver.

Ces adaptations, mises bout à bout, ont préparé le terrain à la diversité des primates. Et, au final, à l’émergence d’Homo sapiens.

Un nouveau regard sur l’évolution des primates et nos propres origines

Les primates n’ont pas quitté les forêts tempérées pour rejoindre un « foyer tropical ». C’est l’inverse. Ils sont partis d’un contexte froid et changeant pour conquérir ensuite les milieux plus stables et généreux du sud. La tropicalisation n’est pas l’origine, mais une conséquence de leur histoire évolutive.

Ce renversement change notre manière de raconter l’évolution. Les primates doivent leur succès non à l’abondance, mais à leur ingéniosité face à l’adversité. Et si, quelque part, notre cerveau moderne devait dire merci… au froid ?

Par Eric Rafidiarimanana, le

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