Le télescope James-Webb pourrait bien avoir détecté des objets encore plus fascinants que prévu. Les fameux « petits points rouges », observés dans les premières images de l’Univers, ne seraient pas des galaxies mûres, mais des étoiles-trous noirs. Cette hypothèse renverse notre compréhension de la formation des trous noirs supermassifs.

Les points rouges du jeune Univers ne seraient pas des galaxies, mais des sphères de gaz autour de trous noirs
Depuis sa mise en service, le télescope spatial James-Webb (JWST) n’a cessé d’étonner. Il a permis de repérer des milliers d’étoiles, des systèmes planétaires et même des indices d’océans.

Mais une série d’observations particulièrement étranges intrigue la communauté scientifique : des points rouges extrêmement lumineux apparaissant 500 à 700 millions d’années seulement après le Big Bang.
Ces points avaient été interprétés comme des galaxies matures, un fait difficile à expliquer aussi tôt dans l’histoire de l’Univers. Leur brillance impliquait une densité stellaire si élevée que même les meilleurs modèles cosmologiques peinaient à l’expliquer. Les chercheurs les ont donc surnommés des « briseurs d’Univers ».
Un trou noir masqué par une bulle de gaz pourrait expliquer leur éclat
Pour percer ce mystère, une équipe de l’université d’État de Pennsylvanie a passé un an à observer environ 4 500 galaxies lointaines. Ils ont alors repéré un objet d’une masse extrême, qu’ils ont appelé « La Falaise ».
L’analyse spectrale de sa lumière, vieille de 11,9 milliards d’années, a révélé une surprise de taille : ce n’était pas une galaxie, mais un trou noir supermassif.
Ce trou noir est entouré d’une bulle d’hydrogène gazeux si dense qu’elle imite l’atmosphère d’une étoile classique. Elle absorbe la matière, la convertit en énergie, et émet une lumière rouge, semblable à celle d’étoiles anciennes. D’où leur apparence trompeuse sur les images du JWST.
Ces objets étranges seraient les ancêtres des trous noirs supermassifs actuels

Ces objets hybrides, que les chercheurs appellent étoiles-trous noirs, seraient peut-être la forme embryonnaire des gigantesques trous noirs que nous observons aujourd’hui au centre des galaxies.
Ils brilleraient non pas par fusion nucléaire, comme notre Soleil, mais grâce à l’énergie d’accrétion produite en dévorant leur environnement.
Selon Joal Leja, co-auteur de l’étude, « c’est l’hypothèse la plus convaincante à ce jour, et la seule qui colle aussi bien aux données ». Elle permettrait de réconcilier les observations du JWST avec les modèles théoriques.
Les chercheurs veulent maintenant mesurer la densité de gaz autour de ces objets
Bien que ces étoiles-trous noirs soient extrêmement difficiles à étudier à cause de leur taille et de leur distance, les chercheurs prévoient d’analyser leur environnement gazeux, leur densité et leur comportement. Chaque indice permettra de mieux comprendre comment les premiers trous noirs ont vu le jour.
Car comme le rappellent les scientifiques : « L’Univers est plus étrange que nous ne pouvons l’imaginer. » Et ces petits points rouges, loin d’être anodins, pourraient bien en être la preuve la plus éblouissante.
Par Eric Rafidiarimanana, le