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« On pensait à une comète, mais c’est un alien cosmique » : ce visiteur venu d’ailleurs a été filmé par des astronomes pendant des semaines sans le savoir

Repéré après coup dans les archives d’un satellite, l’objet interstellaire 3I/ATLAS a révélé un comportement lumineux totalement inattendu. Une découverte qui bouleverse notre compréhension des comètes et offre un accès unique à la chimie d’autres mondes.

Illustration d’une comète traversant l’espace avec une longue traînée lumineuse.
Cette comète intrigue la communauté scientifique, certains la considérant comme un possible « alien cosmique » – DailyGeekShow.com

3I/ATLAS était déjà là : comment les archives de TESS ont révélé l’invisible

Identifié en juillet 2025, l’objet 3I/ATLAS est seulement le troisième visiteur interstellaire connu à traverser notre Système solaire.

Pourtant, les chercheurs ont vite réalisé que ce n’était pas sa première apparition : les données du satellite TESS contenaient déjà des images de lui, prises dès le 7 mai, soit deux mois avant sa découverte officielle.

Ce repérage tardif montre à quel point les archives astronomiques regorgent de trésors inexploités. En les explorant avec de nouvelles techniques, les scientifiques transforment de vieilles images en découvertes de premier plan.

Cette fois, l’enquête a duré plusieurs semaines, mobilisant une équipe de l’université du Michigan et d’Auburn, qui a retrouvé la trace de l’objet sur deux périodes distinctes entre mai et juin.

Clichés infrarouges de 3I/ATLAS par Webb
Clichés infrarouges de 3I/ATLAS par Webb — © NASA / James Webb Space Telescope

Une traque scientifique avec la méthode du « shift-stacking »

Pour extraire un signal aussi faible dans un bruit d’images stellaires, les chercheurs ont utilisé une technique appelée shift-stacking. En prédisant mathématiquement la trajectoire de l’objet sur chaque image, ils ont superposé les données afin que 3I/ATLAS apparaisse clairement.

Grâce à ce travail minutieux, ils ont révélé que l’objet avait quintuplé sa luminosité entre le 7 mai et le 2 juin, alors qu’il ne s’était rapproché du Soleil que d’une unité astronomique.

Or, un tel comportement est totalement anormal pour une comète classique, dont l’activité lumineuse devrait augmenter progressivement, et non exploser.

Un visiteur composé de matériaux hypervolatils venus d’un autre système

Observation de l’objet interstellaire 3I/ATLAS en traversée dans le Système solaire.
Image de l’objet interstellaire 3I/ATLAS capturé par le télescope Hubble © NASA/ESA.

Dans notre Système solaire, les comètes contiennent surtout de la vapeur d’eau, qui se libère sous l’effet de la chaleur solaire. En revanche, dans le cas de 3I/ATLAS, les chercheurs suspectent la présence de composés hypervolatils, comme le monoxyde de carbone et le dioxyde de carbone, capables de se sublimer à des températures beaucoup plus basses.

Par conséquent, ce comportement laisse penser que cet objet est extrêmement primitif, issu d’un système planétaire très différent du nôtre.

Il agit comme une capsule temporelle, portant les signatures chimiques d’un monde lointain. Une occasion unique d’étudier ce que notre propre système a perdu depuis des milliards d’années.

Une nouvelle façon d’étudier l’Univers grâce aux archives oubliées

Image du télescope James Webb montrant des milliers de galaxies dans l’Univers lointain
L’Univers profond capté par James-Webb : une mosaïque de galaxies datant de l’aube cosmique – Source NASA

Finalement, cette découverte ne tient pas du hasard. Elle prouve qu’avec les bonnes méthodes d’analyse, les astronomes peuvent transformer les archives en machines à remonter le temps cosmique. Chaque visiteur interstellaire devient ainsi une pièce rare dans un puzzle galactique.

Autrement dit, 3I/ATLAS est un éclaireur. Il nous montre que notre vision des comètes, longtemps construite sur les seuls exemples locaux, est sans doute trop limitée.

Et surtout, que l’Univers, dans son immense diversité, recèle encore bien des surprises prêtes à surgir des images que nous croyions comprendre.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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