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En un an, cette intelligence artificielle a rédigé plus de 850 articles pour le Washington Post

Depuis plusieurs années, l’apparition de robots et intelligences artificielles pour remplacer des humains dans beaucoup de domaines professionnels a fait un bond. Le plus notable en date s’est effectué dans un domaine où l’humain semblait indispensable : le journalisme. Depuis l’année dernière, le Washington Post a mis au point et utilisé une intelligence artificielle pour rédiger et publier automatiquement près de 850 articles.

Heliograf, journaliste robotique

Baptisé Heliograf, ce « bot » fait partie d’une nouvelle initiative lancée par le quotidien américain Washington Post lorsque celui-ci a été racheté par Jeff Bezos, le PDG de la super-entreprise Amazon. Après quelques mois de développement, Heliograf est né, et a fait ses débuts de journaliste robotique l’année dernière, à l’occasion des Jeux Olympiques de Rio. Pour cette première mission, Heliograf a tout de même généré plus de 300 courts articles pour les différents flux d’actualité du quotidien : sur Twitter et différents liveblogs.

Quelques jours à peine avant l’ouverture des Jeux, Jeremy Gilbert, directeur des initiatives stratégiques au sein du Washington Post, expliquait : « La narration automatisée a le potentiel de transformer la couverture du [Washington] Post. Plus d’articles, mis en avant par les données et l’apprentissage des machines, permettront une expérience de l’information plus personnelle » .
Avec une nuance tout de même : Heliograf ne remplacera pas les reporters. Il s’agissait plutôt de « les libérer » .

Exemple de tweets réalisés par Heliograf lors des Jeux Olympiques de 2016.

Novembre 2016 : le tournant

Face à la réussite du système Heliograf lors des Jeux de 2016, l’intelligence artificielle a pu alors recevoir sa nouvelle mission : couvrir l’Election Day du 8 novembre 2016 pour les membres du Congrès américain et les gouverneurs des états, qui a eu lieu en même temps que l’élection présidentielle.

Pour cette occasion, une version plus avancée d’Heliograf a été mise au point. Les rédacteurs ont créé divers modèles narratifs pour les articles, qui incluaient des mots clés et phrases clés, qui pouvaient être utilisés pour tout un panel de résultats potentiels (victoire des Républicains ou des Démocrates par exemple). Ensuite, il suffisait de relier Heliograf à une base de données structurée (dans le cas des élections il s’agissait de VoteSmart.org). Le logiciel n’avait alors plus qu’à repérer les données utiles et pertinentes, à les associer aux phrases correspondantes du modèle bâti par les journalistes et publier différentes versions de ces résultats sur les plate-formes de diffusion auxquelles Heliograf avait accès.

Une autre particularité de ce système est que l’IA peut également alerter les journalistes sur la messagerie instantanée Slack sur la présence d’anomalies dans les données parcourues, des écarts de vote inattendus par exemple, pour que ceux-ci puissent enquêter à ce sujet. « C’est simplement une façon supplémentaire d’obtenir un tuyau » précise Jeremy Gilbert.

Pour ces élections, Heliograf a donc publié près de 500 articles pour afficher les résultats d’autant de bureaux de vote à travers les États-Unis et qui ont généré 500 000 clics sur les publications. Un score relativement faible mais qui est mis en valeur par le fait qu’avant l’arrivée du robot, le Washington Post ne consacrait que très peu de son personnel sur ce genre d’articles. Pour l’Election Day de 2012, le Post n’avait en effet réalisé que 15 % de ce qui a été produit en 2016.

Illustration d’exemplaires d’un journal en disposition libre.

Un rôle encore plus étendu

Après une telle réussite, le quotidien américain a annoncé au début du mois de septembre que le système Heliograf serait également utilisé pour traiter les actualités liées au football américain lycéen de la zone de Washington D.C. de façon hebdomadaire.

« Heliograf a créé un nouveau modèle pour la couverture d’événements très locaux » , explique Jeremy Gilbert. « Par le passé, il n’aurait pas été possible pour le Post d’envoyer plus qu’une poignée de reporters pour couvrir les matchs les plus important chaque semaine. Maintenant, nous serons capables de couvrir n’importe quel match sur lequel nous avons des données, ce qui donnera aux équipes et aux fans une couverture presque instantanée à lire et à partager » .

Le directeur des initiatives stratégiques au sein du journal explique également qu’il envisage d’utiliser le robot pour d’autres actions, comme celle de repérer des tendances dans les bases de données financières, par exemple. « Nous pensons que cela aidera les gens à trouver des articles intéressants« . Heliograf pourrait également être utilisé pour mettre à jour des actualités en cours de développement, comme des événements liés à la météo, en temps réel.
L’actualité récente des cyclones qui ravagent actuellement les Antilles pourrait d’ailleurs donner raison à ce genre d’initiatives avant-gardistes.

Photographie du site Internet du Washington Post sur une tablette numérique.

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