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Twitter bannit les publicités politiques pour éviter la manipulation des élections 2020 aux USA

Facebook n'était pas prêt à faire une croix sur autant d'argent, Twitter a le courage de le faire

— Derek Hatfield / Shutterstock.com

Avec le souvenir douloureux des diverses manipulations précédant l’élection présidentielle américaine 2016, le réseau social Twitter a décidé de bannir toute publicité politique du site, afin d’exposer le moins possible les utilisateurs aux fausses informations et autres stratégies de manipulation, et de permettre un débat politique public plus démocratique.

Une décision pour rétablir un débat démocratique

Le 30 octobre, le PDG et fondateur du réseau social Twitter a annoncé sur son compte que Twitter allait mettre fin à la publicité politique sur le site à partir du mois de novembre 2019.

Dans un fil de messages, Jack Dorsey explique : « Nous pensons que la diffusion des messages politiques devrait être méritée, non achetée. » De ce fait, l’entreprise tient à faire cesser l’influence des plus offrants sur l’opinion publique, en proposant un système de diffusion des idées qui ne se fait que par l’intermédiaire des utilisateurs : « Un message politique gagne en portée quand les gens décident de suivre un compte ou de retweeter un message. Le fait de payer pour gagner en portée annule cette décision, en imposant des contenus politiques ciblés et très optimisés sur les gens. Nous pensons que cette décision ne devrait pas être compromise par l’argent. »

Les techniques de désinformation deviennent plus précises et plus puissantes

En prenant cette décision, le réseau social veut éviter l’influence des contenus politiques ciblés et personnalisés : « Tandis que la publicité sur Internet est incroyablement puissante et très efficace pour des fins commerciales, cette puissance apporte des risques majeurs à la politique, où elle peut être utilisée pour affecter la vie de millions de gens. »

La récupération, l’accumulation et le traitement d’informations personnelles deviennent de plus en plus importants dans nos sociétés tournées vers le digital, et se placent au centre d’enjeux déterminants : pendant les élections 2016, la société Cambridge Analytica avait massivement pris et utilisé des données d’utilisateurs de Facebook, ce qui avait notamment influencé la précédente élection en 2016 en faveur de Donald Trump.

Dorsey explique que les systèmes de récupération de données se font de plus en plus précis et efficaces et permettent une manipulation plus fine du plus grand nombre par le moyen de désinformation, de deepfakes, etc. ; de ce fait, annoncer publiquement les combattre tout en permettant la diffusion de messages politiques, parfois mensongers, était incohérent.

Interdiction ou liberté d’expression ?

Dans une nouvelle étape de la guerre des vérités, Twitter fait ainsi directement référence à la politique de Facebook qui tient à ne pas intervenir dans les contenus, même mensongers. Le Parisien rapportait récemment que la campagne monétisée de Donald Trump accusait son rival Joe Biden par de fausses déclarations, ce que Facebook refusait de retirer par souci de liberté d’expression. Pour démontrer l’absurdité de la situation, Elizabeth Warren, candidate démocrate à la présidentielle 2020, a ainsi fait se diffuser une publicité volontairement mensongère sur Facebook, où elle affirme que le réseau social était un soutien de la réélection de Trump, qui n’a pas été refusée.

Selon CNBC, Facebook a annoncé début octobre que le site accueillerait les publicités politiques, même mensongères. Depuis, nous vous l’expliquions, le réseau social a annoncé des dispositifs pour se prémunir des fake news, et permettre une plus grande transparence des contenus. Quelques jours avant, le PDG de la firme américaine répondait difficilement devant le Congrès des liens entre Facebook et Cambridge Analytica.

Jack Dorsey termine en rappelant les enjeux démocratiques de ces campagnes : « Un dernier point. Tout cela n’est pas à propos de la liberté d’expression. C’est à propos du fait d’acheter la diffusion de ses idées. Et payer pour augmenter la diffusion du discours politique a des implications majeures que les infrastructures démocratiques de notre temps ne sont pas prêtes à tenir. Cela vaut le coup de faire un pas en arrière pour y faire face. »

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