Vers 50 avant Jésus-Christ, Jules César débutait la conquête des Gaules avec ses légionnaires. Cette période, racontée dans sa biographie La Guerre des Gaules, initie près de cinq siècles de présence romaine dans ce qui deviendra par la suite la France, imprégnant profondément notre culture. Témoins de cette longue histoire, de fascinants vestiges sont aujourd’hui encore visibles aux quatre coins de l’Hexagone.
Aussi impressionnants que complexes, ils nous rappellent ce lointain passé et les fastes d’un empire où histoire et légende se mêlent. De nombreux vestiges gallo-romains ponctuent les villes et campagnes françaises, sans compter les fouilles archéologiques régulières qui mettent au jour des vestiges enfouis, nous permettant d’en apprendre chaque fois davantage sur la vie à cette époque.
Pour vous replonger dans cette histoire antique, le Daily Geek Show vous propose un tour d’horizon des vestiges gallo-romains les plus impressionnants, que ce soit par leur taille, leur vocation ou leur état de conservation.
NÎMES
C’EST AUJOURD’HUI LE TEMPLE LE MIEUX PRÉSERVÉ DU MONDE ROMAIN
Lorsque l’on pense vestiges et monuments gallo-romains, on pense immédiatement à Nîmes qui regroupe un ensemble de monuments antiques particulièrement bien préservés et atypiques, dont la célèbre Maison Carrée construite sur le forum de la ville sous le règne d’Auguste. Dédiée au culte impérial alors en vigueur, la Maison Carrée a été réaffectée à de nombreux emplois dont une église puis un musée, ce qui a permis sa préservation.
La Maison Carrée a fasciné les artistes et les savants dont le célèbre peintre Hubert Robert. Elle est classée monument historique depuis 1840. Elle est aujourd’hui ouverte au public. Un web documentaire est en ligne depuis 2012.
Également construites sous le règne d’Auguste, les fortifications de la ville ont laissé deux importants témoins, la tour Magne et la porte d’Auguste. Ces importants vestiges illustrent l’importance des remparts de la ville et leur visibilité qui assuraient à la ville un grand prestige ainsi qu’une bonne défense. La tour Magne est la mieux préservée de Gaule et bien qu’elle ait en partie perdu sa partie haute, elle conserve toute sa superbe.
DEPUIS HENRI IV, PLUSIEURS SOUVERAINS ET EMPEREURS SE SONT INTÉRESSÉS À CE BÂTIMENT ET ONT ENTREPRIS SON DÉGAGEMENT
Nîmes est également célèbre pour ses arènes toujours utilisées de nos jours. Cet amphithéâtre où se déroulaient les combats de gladiateurs a été construit à la fin du premier siècle de notre ère, probablement sous le règne de Domitien. Sa reconversion en forteresse wisigothe, puis en habitations fortifiées au Moyen Âge, a permis son exceptionnelle préservation.
Classé monument historique en 1840, plusieurs campagnes de restauration, qui se poursuivent encore aujourd’hui, ont permis de lui rendre sa monumentalité d’origine. Il est possible de visiter les arènes, mais également d’assister à des spectacles en tout genre. La ville de Nîmes a mis en ligne un web documentaire.
ARLES
Grande ville du monde romain, Arles a bénéficié, dès l’époque de Jules César, de faveurs romaines.
En quatre siècles d’histoire romaine, la ville s’est couverte de monuments.
Il est ainsi possible de visiter le théâtre antique construit à l’époque d’Auguste suivant le plan traditionnel grec. Ayant servi de carrière pour la construction des bâtiments alentour, les vestiges sont très lacunaires, même si l’architecture antique du bâtiment est bien connue par les fouilles qui ont mis au jour un nombre important de matériel archéologique. Le théâtre est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1840 et figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981. Le lieu accueille cependant toujours du public, lors de différentes manifestations.
IDÉALEMENT SITUÉE À L’EMBOUCHURE DU RHÔNE, LA VILLE A RAPIDEMENT PROSPÉRÉ
Les arènes de la ville sont, tout comme à Nîmes, un amphithéâtre où combattaient les gladiateurs. Construit à la fin du premier siècle de notre ère, également par Domitien, ce lieu de spectacles populaires est utilisé jusqu’à la période franque.
Si François Ier s’en émeut dès 1516, il faut attendre le XIXe siècle pour que des travaux de dégagement et de restauration débutent. Tout comme le théâtre de la ville, il est inscrit aux monuments historiques en 1840 et, en 1981, classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Les arènes sont rouvertes au public depuis 2013.
À LA FIN DU VIe SIÈCLE, LES ARÈNES SONT TRANSFORMÉES EN BASTIDE ET LA POPULATION Y CONSTRUIT MAISONS EXIGUËS ET ÉGLISES
Au IVe siècle, alors que l’Empire est sur le déclin, l’empereur Constantin réside quelque temps dans la ville qu’il affectionne. Il décide alors de la construction de thermes dont les grandes dimensions les ont fait passer pour un palais au Moyen Âge.
Classés monuments historiques dès 1840, les vestiges sont achetés par la ville qui débute alors quinze années de travaux de 1980 à 1995. Ils comptent parmi les thermes les mieux conservés de France. Cependant, seule la partie nord correspondant au caldarium (salle chaude) et au tepidarium (salle tiède) a été fouillée. La zone sud, pour sa part, attend toujours de révéler ses mystères !
GLANUM
Bâtie près d’une source gauloise sacrée proche de Saint-Rémy-de-Provence, la ville passe sous domination romaine dès 90 avant J.-C. Sous le règne d’Auguste (27 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.), la ville atteint son apogée. Les élites romanisées parent la ville de temples, de thermes, d’un forum et de nombreux autres monuments et édifices funéraires de qualité. Cependant, dès le milieu du IIIe siècle, la ville est mise à sac et abandonnée. Les pierres sont réutilisées pour construire la nouvelle ville de Saint-Rémy-de-Provence. Un demi-siècle de fouilles archéologiques plus tard, c’est un ensemble monumental impressionnant qui est mis en lumière.
PEU À PEU, GLANUM EST OUBLIÉE ET ENSEVELIE JUSQU’À SA REDÉCOUVERTE EN 1921, CE QUI EXPLIQUE SON ÉTAT DE CONSERVATION EXCEPTIONNEL
Gérée par le Centre des monuments nationaux, Glanum est particulièrement célèbre pour son mausolée, un cénotaphe élevé à la mémoire de Caïus et Lucius César, petits-fils de l’empereur Auguste. Ce mausolée est estimé comme l’un des mieux préservés du monde romain. Il est délicatement sculpté. Fait étonnant, cette structure située à quelques centaines de mètres du site archéologique n’a pas été ensevelie et a bénéficié d’un classement au titre des monuments historiques dès 1840.
Tout proche du mausolée se dresse l’important arc de Glanum, également classé en 1840 au titre des monuments historiques. Finement sculpté, il célèbre la victoire des Romains sur Marseille. Si sa partie basse est bien conservée, sa partie supérieure a, pour sa part, complètement disparu. Pour les restitutions, les experts le rapprochent du non moins célèbre arc d’Orange.
LYON
Lyon ou Lugdunum, la capitale des Gaules, regorge également de vestiges illustrant la romanisation du territoire. L’amphithéâtre des Trois Gaules reste le seul témoignage du célèbre Sanctuaire des Trois Gaules, construit, selon les sources, pour une soixantaine de tribus gauloises, pour honorer l’empereur Auguste.
Son état de conservation est nettement inférieur à ceux de Nîmes et Arles, car il a servi de carrière de pierres dès la chute de l’Empire romain. Il a fait l’objet de fouilles archéologiques en 1956 et 1978, et a été classé monument historique en 1961. Il est possible de visiter les vestiges.
En 1885, une série de tombeaux et mausolées datant de la période romaine de la ville ont été découverts et déplacés place Eugène-Wernert. Parmi eux se trouve le tombeau de Turpio, particulièrement bien conservé. Il a été classé monument historique dès 1905.
Adossé à la colline de Fourvière, le théâtre antique est particulièrement visible. Vraisemblablement construit à l’époque d’Auguste, il a subi de multiples transformations durant toute la période antique. Les fouilles menées dans ce lieu n’ont pas permis de résoudre tous les questionnements autour des différents stades de construction.
Tombé dans l’oubli au début du haut Moyen Âge, il est partiellement détruit par la réutilisation de ses matériaux. Les éboulements de la colline de Fourvière l’ensevelissent pour plusieurs siècles. Il est redécouvert à la toute fin du XIXe siècle sous des vignes. Avec l’Odéon voisin, dont l’histoire est sensiblement la même, ils forment un duo monumental rare dédié aux arts.
CLASSÉS DÈS 1905, ALORS QU’ILS NE SONT PAS ENCORE COMPLÈTEMENT DÉBLAYÉS, ILS ACCUEILLENT CHAQUE ANNÉE DES SPECTACLES ESTIVAUX
PARIS
Avant, Paris était Lutèce. L’oppidum gaulois conquis en 52 av. J.-C. se dote rapidement de tout le confort romain avec des thermes, un forum et, entre autres, un étonnant théâtre mixte servant également d’amphithéâtre.
SITUÉS EN PLEIN CŒUR DE LA VILLE ANTIQUE, LES THERMES DITS DE CLUNY SONT PARMI LES PLUS REMARQUABLEMENT PRÉSERVÉS DE FRANCE
Ce vaste complexe thermal comprenant caldarium, tepidarium et frigidarium ainsi qu’une palestre (salle de sport), une bibliothèque et des boutiques, a été construit vers la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle. Richement décoré, il est devenu un complexe palatial franc à la fin de l’Empire romain. Au XIVe siècle, les abbés de Cluny achètent le terrain comprenant les thermes romains qui deviennent alors des dépendances, comprenant granges et écuries, de leur hôtel particulier.
L’entretien des bâtiments est difficile et au XVIIIe siècle, les sources signalent qu’une partie de l’édifice est ruinée. Seul le frigidarium garde sa couverture d’origine. Au XIXe siècle, la municipalité s’intéresse au sort de ces vestiges. Ils sont classés monuments historiques en 1862 et sont régulièrement fouillés jusqu’en 1957. Aujourd’hui, ils sont pleinement intégrés au Musée du Moyen Âge de Cluny. Le frigidarium est la salle d’exposition temporaire et les parties extérieures sont en cours de réhabilitation afin, espère-t-on, qu’une ouverture prochaine au public soit possible.
Également situées sur la rive gauche de la Seine, les arènes de Lutèce datent du premier siècle de notre ère. Elles ont la particularité de mêler les caractéristiques d’un théâtre et d’un amphithéâtre. Cette architecture composite était assez commune en Gaule. Si la présence des arènes est encore attestée au haut Moyen Âge, la construction de l’enceinte de Philippe-Auguste au XIVe siècle comble l’espace des arènes qui sont alors oubliées jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle. Classées en 1883 comme monument historique alors que débutent les fouilles archéologiques, leur restauration s’achève en 1918. Aujourd’hui, les arènes de Lutèce sont largement ouvertes au public à l’image d’un jardin public.
Si le sujet vous intéresse, de nombreux autres monuments datant de l’époque gallo-romaine jalonnent les paysages français, à l’image du pont du Gard. En tout cas, à la rédaction, on a eu du mal à choisir parmi tous ces magnifiques vestiges.