De nombreuses séries prennent le temps de nous révéler les dessous des sphères médiatiques et politiques. Quand The Newsroom nous dévoile les coulisses des journaux tv, Unreel nous fait passer derrière la caméra de téléréalité. La politique n’est pas en reste : à la Maison-Blanche, House of Cards et Veep nous montrent les manigances des présidents, sénateurs et autres conseillers sans jamais omettre de nous décrire le pire. Veep nous emmène dans un monde où le vice-président est une femme carriériste et fascinante.

Création d’Armando Iannucci pour HBO, Veep nous emmène dans les couloirs de la Maison-Blanche où les plus grandes décisions des premières puissances du monde sont prises. Des centaines d’hommes et de femmes font vivre cette institution et à leur tête, la sénatrice Selina Meyer, femme brillante et ambitieuse. Son histoire débute au moment où, après avoir mené campagne des mois durant, elle échoue à devenir présidente, décevant par là même les membres de son parti. Tomber pour mieux se relever, c’est un peu son modo : à la dernière minute, on lui demande de devenir vice-présidente en lui promettant que ses projets seront menés à bien durant son mandat.

Face à son supérieur et rival politique, elle doit se battre jour après jour pour prouver qu’elle, une femme aux idées politiques opposées au pays, peut redonner sa grandeur aux Etats-Unis. Si le synopsis de la série nous ramène à l’excellente House of Cards, l’œuvre se révèle toutefois pleine de surprises. Pas de série sérieuse ni de comédie idiote : Veep est un mélange des genres et c’est une réussite. Avec Julia Louis-Dreyfus dans le rôle principal, elle recèle de petites perles scénaristiques et surprend le spectateur d’épisode en épisode. On suit, béat, les exploits et chutes de cette femme et de son équipe dans un quotidien à mille à l’heure rythmé par les déplacements professionnels, crises internationales, lapsus aux conséquences catastrophiques, manipulation, trahison, vie de famille et petits bonheurs.

Dépassée par son travail, Meyer nous rappelle que le politicien est humain et que ses promesses non tenues sont avant tout un déchirement pour lui avant de l’être pour ses citoyens. On y découvre aussi la facilité du mensonge et la subtilité de la communication menée auprès des électeurs qui oublient, d’un vote à l’autre, les différentes horreurs dévoilées lors des campagnes. Quand la Chine tente de pirater, une fois de plus, le site internet de la Maison-Blanche, la vice-présidente envoie, par erreur, un tweet personnel à l’homme qu’elle aime sur son profil public. Les retombées sont immédiates et la Veep n’a d’autres choix que de mettre ce couac sur le dos des pirates asiatiques. Des instants d’égarement qu’elle doit assumer jusqu’au bout au prix de voir sa vie personnelle et professionnelle réduite à néant ainsi que la bonne tenue de son pays.
veep-meyerLà où House of Cards nous dévoile des combats politiques épatants pour le bien de la nation, Veep nous montre ces oppositions d’apparence stupides dont on ne comprend pas le sens : alors que Selina Mayer promet à ses électeurs de remplacer les couverts en plastique des cantines du pays, dans un souci d’écologie, elle se retrouve face aux lobbies du pétrole qui refusent de perdre leurs pions dans l’affaire. A chaque nouvelle petite idée dont la réalisation nous semble, à nous simples électeurs, d’une simplicité sans limites, la politicienne se heurte à toutes sortes de problèmes et d’opposants.

Attention toutefois, Meyer est loin d’être la caricature longtemps prêtée aux femmes dans les séries tv : personnage fort, intelligent et indépendant elle mène ses équipes d’une main de fer après les avoir ralliées à sa cause grâce à la sincérité de ses déclarations. Portée par des idées auxquelles elle croit, elle doit se dépatouiller pour faire régner l’ordre dans sa maison, son bureau et son pays. Une série amusante donc, mais sérieuse et parfaitement développée qui lui a valu un accueil en grande partie positif de la part de la presse américaine et française. Tout comme les critiques positives, les spectateurs sont de plus en plus nombreux au fur et à mesure de la diffusion des épisodes et des saisons. Une étonnante réussite quand on voit l’aspect de cette série qui est ce qu’HBO fait de plus proche de la sitcom.
Un format original pour la chaîne d’accueil qui porte depuis plusieurs années Game of Thrones ou Silicon Valley mais qui ne constitue pas une prise de risque : proche du huit clos, on retrouve un peu d’Aaron Sorkin dans cette œuvre avec une réalisation proche de l’excellente A la Maison-Blanche ou de sa petite sœur, The Newsroom. Adaptée de la série britannique The Thick of It, elle aussi de Lannucci et diffusée de 2005 à 2012 sur BBC Two, la série est avant tout plaisante à regarder. Elle détourne le monde politique sans pour autant en sortir un reportage : une série que l’on regarde pour se divertir, non pas pour apprendre.
Veep-hbo

 

Veep, c’est un détournement, une caricature fine de la politique américaine que l’on peut très facilement appliquer à notre propre pays. Si, habituellement, ce genre de série nous révolte quant à la manière dont sont menées les affaires nationales et internationales, cette création d’HBO, proche de la sitcom, rend sympathiques, humains et compréhensibles ses héros. Une plongée au cœur de la Maison-Blanche dont il serait dommage de ne pas profiter et surtout, souvenez-vous, votez Meyer !

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