Quand travail et passion ne font qu’un, partager son quotidien avec le monde n’est que plaisir. Quand ce métier sort de l’ordinaire, c’est d’autant plus un ravissement. Rencontre avec Yves Adams, photographe naturaliste et animalier, voyageant dans le monde entier et vivant en osmose avec la nature.
Il y a des professions et des passionnés qui font rêver. Yves Adams est l’un d’eux. Depuis 20 ans, ce photographe belge voyage en Europe et dans le monde à la recherche d’animaux et de paysages à photographier. Alaska, Groenland, Spitzberg, Japon, Philippines, Oman, Afrique du Sud, Namibie, Bulgarie, Hongrie, Norvège, Finlande, Pologne, Roumanie, l’Ukraine … La liste est longue et fait tourner la tête, comme les sublimes clichés tirés de ses escapades.
Dès 11 ans, un peu par hasard, Yves rejoint un organisme belge de protection et de préservation de la nature. « J’y ai découvert un nouveau regard sur la nature et les animaux. On m’a appris à reconnaître les oiseaux, les insectes, les fleurs… C’est à ce moment là que j’ai commencé à observer la nature de façon différente, j’étais plus attentif aux détails. J’étais si impressionné que je souhaitais en apprendre plus chaque jour, » se remémore le photographe.
Le jeune garçon, qu’il était alors, commence à passer tout son temps dehors. Ses capacités d’observation et de reconnaissances des sons s’améliorent de jour en jour. La photographie lui vient alors assez naturellement. « Après avoir passé deux années à économiser mon argent de poche, à 13 ans, j’ai pu acheter mon premier reflex argentique Nikon. Les films coûtaient chers. Il fallait donc que je sois prudent et sûr de moi avant d’appuyer sur le bouton. Je voulais capturer ces moments passés dehors, caché à observer les animaux et montrer à mes parents et mes amis tout ce que j’avais pu voir, » détaille Yves.
Au fil des week-ends, puis des années, son périmètre d’expédition s’étend du voisinage à l’Europe entière. Riche d’une impressionnante collection de clichés, il commence alors à les publier dans des magazines spécialisés. Il vend sa première photo à l’âge de 18 ans et devient indépendant et photographe professionnel à 20 ans.
Mais, Yves Adams n’est pas qu’un photographe globe-trotter, c’est aussi et surtout un connaisseur. « Après mes études d’architecte paysagiste, j’ai commencé à travailler à mi-temps à l’Institut Scientifique de Bruxelles où je faisais des recherches scientifiques sur les habitats naturels des végétations en Flandre. L’activité de photographe naturaliste commence avant toute chose par la connaissance des espèces et de la nature, » explique le passionné.
Yves Adams a grandi, mais la passion et l’émotion sont toujours là. « Quand je suis proche d’un animal et qu’il m’accepte, je me sens à la fois très privilégié mais aussi tout petit dans ce monde. J’oublie alors tout autour de moi. Prendre une photo devient secondaire. La chose la plus importante est l’interaction et l’observation de l’animal dans son milieu naturel. Ne pas le déranger et être accepté est une chance, » confie-t-il.
Bien que particulièrement sensible aux volatiles et aux grands mammifères, Yves Adams a tout de même une petite préférence pour un animal captivant: le renard polaire. « Le renard polaire est un animal très curieux et très peu farouche. Il s’approche assez facilement si on sait comment l’aborder sans le déranger. Dans l’Arctique, pendant l’hiver, sa fourrure blanchit avec la neige ce que je trouve très photogénique. C’est aussi très impressionnant quand on sait que la fourrure du renard polaire lui permet de limiter sa déperdition thermique. C’est le seul animal au monde à avoir cette capacité essentielle à sa survie dans un environnement polaire, » explique pour nous le photographe.
Un des ses souvenirs les plus marquants est lié à cet étonnant animal. « Je me trouvais dans une cachette pour photographier un renard polaire et celui-ci ne venait pas. J’étais en place, tout mon matériel était prêt, pointé vers une direction bien précise … Le renard n’avait toujours pas fait son apparition. Tout à coup, j’ai entendu un bruit derrière moi, c’était lui, arrivant dans mon dos et observant ce qui se passait dans ma cachette. C’était à la fois magique et très frustrant car je ne pouvais absolument pas le photographier par peur de l’effrayer. Ces moments, mélanges de bonheur et de frustration, arrivent de temps en temps! », se rappelle-t-il.
Cependant, Adams tient à rappeler que son quotidien n’est pas que voyages et complicité avec la faune. C’est également un énorme travail en amont. « La préparation d’un voyage prend du temps, jusqu’à 3 ans avant le départ. Il faut faire des recherches longues, sur les lieux à visiter, les meilleurs périodes pour y aller, le matériel à emmener, les permis nécessaires pour accéder à ces lieux… J’aime avoir tout bien préparé avant de partir, il y ainsi moins de risques de rater les photos. Je préfère voyager avec mon Van, je peux ainsi prendre plus de matériels qu’avec l’avion, Mais, au final, faire une bonne photo, c’est 90% de hasard et 10% de préparation! » explique le photographe naturaliste.
Cette expérience, bien que personnelle, permet également au naturaliste de sensibiliser les autres au respect de l’environnement. « Parfois, je donne certaines de mes photos à des organismes de protection locale car il me semble important de les aider dans leurs missions. J’ai commencé à être guide de voyage freelance pour des photographes amateurs. Je travaille avec des agences de voyages spécialisées dans les voyages de ce type, » partage-t-il.
« J’ai la chance de pouvoir voyager à travers le monde et découvrir les faunes et flores qui y vivent mais aussi de rencontrer des gens très intéressants avec des regards différents sur la nature. J’apprécie partager mes connaissances et mon regard sur la nature, c’est une forme de sensibilisation plus concrète. Les gens sont plus sensibles aux espèces qui les entourent et apprennent ainsi à approcher et respecter l’environnement. C’est à travers ces moments uniques et intenses que les gens peuvent aimer la nature, » raconte le naturaliste.
Pour partager ses photos et ses recherches, Yves Adams a énormément de travail à chacun de ses retours en Belgique. « Il y a le métier de terrain où l’on voyage et prend des photos ; mais il y a aussi tout le travail de post production, de traitement des photos et de mise en vente. Il y a quelques années, j’ai co-fondé avec un autre photographe belge, un site spécialisé Vilda, où l’on peut trouver et acheter des photos sur les thèmes de la nature, de la flore et des animaux, » détaille le naturaliste.
Les photographies de Yves Adams subliment des espèces du monde entier. Son impressionnant travail est à saluer car il nous rappelle notre filiation avec la faune et la flore. En effet, les animaux ne sont pas différents de nous, à l’instar des cétacés qui, En période de deuil, souffrent comme les humains.
Par Margaux Carpentier, le
Source: Yves Adams
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