S’appuyant sur une approche inédite, des scientifiques britanniques sont parvenus à déterminer précisément la taille du Mégalodon, légendaire requin préhistorique qui régnait encore sur les océans il y a 3 millions d’années.
Une quête ardue
Déterminer la taille des plus grands requins est une tâche ardue, qui se révèle encore plus compliquée pour les espèces disparues depuis longtemps. À l’heure actuelle, le plus redoutable des requins vivants s’avère être le grand requin blanc, avec une taille supérieure à six mètres et une force de morsure de deux tonnes. Mais comme l’ont récemment montré des chercheurs des universités de Bristol et de Swansea, celui-ci fait figure de petit joueur à côté du terrible Mégalodon, squale préhistorique ayant dominé les océans il y a entre 23 et 3 millions d’années.
Pour ces travaux, présentés dans la revue Science Reports, les scientifiques se sont appuyés sur des fossiles des énormes dents coupantes du Mégalodon, aussi grandes qu’une main humaine, ainsi qu’un certain nombre de formules mathématiques afin de déterminer la taille et les proportions de ce monstre, via d’étroites comparaisons avec une diversité d’espèces modernes présentant des similarités écologiques et physiologiques avec ce géant disparu. Il s’est avéré qu’un spécimen adulte de Mégalodon mesurait deux fois la taille d’un grand requin blanc, et disposait d’une force de morsure de plus de dix tonnes.
« J’ai toujours été fasciné par les requins. En tant qu’étudiant de premier cycle, j’ai travaillé et plongé avec les Grands Blancs en Afrique du Sud – protégé par une cage en acier bien sûr. C’est ce sentiment de danger, mais aussi le fait que les requins soient des animaux si beaux et si bien adaptés, qui les rend si attrayants à étudier », déclare Jack Cooper, auteur principal de l’étude. « Le Mégalodon est en fait l’animal qui m’a donné envie de devenir paléontologue à l’âge de six ans seulement. »
Des proportions constantes tout au long de la vie de ce géant préhistorique
Auparavant, le requin fossile, connu officiellement sous le nom de Otodus megalodon, n’était comparé qu’au grand requin blanc. Cooper et ses collègues ont, pour la première fois, élargi cette analyse à cinq requins modernes. « Bien que le Mégalodon ne soit pas un ancêtre direct du Grand Blanc, il est apparenté à celui-ci ainsi qu’à d’autres requins macrophages tels que le Makos, le requin saumon et le requin-taupe commun. Nous avons mis en commun les mesures détaillées de ces cinq requins pour déterminer sa taille », explique Le Dr Catalina Pimiento, co-auteure de l’étude.
« Avant toute chose, nous avons dû déterminer si les proportions de ces cinq requins modernes évoluaient lorsqu’ils grandissaient. S’ils avaient été comme les humains, chez qui les nouveau-nés possèdent de grosses têtes et des membres courts, nous aurions eu quelques difficultés à déterminer les proportions d’un requin éteint si massif à l’âge adulte », souligne le professeur Mike Benton, également co-auteur de l’étude. « Mais nous avons été surpris et soulagés de découvrir que chez l’ensemble de ces requins prédateurs modernes, les nouveau-nés s’apparentaient à de petits adultes et conservaient donc les mêmes proportions en grandissant. »
Jusqu’à 16 mètres de long
« Cela signifie que nous pourrions simplement prendre les courbes de croissance des cinq formes modernes et projeter la forme globale à mesure qu’elles deviennent de plus en plus grandes, jusqu’à atteindre un corps d’une longueur de 16 mètres », ajoute Cooper. En utilisant cette technique, l’équipe a ainsi pu estimer qu’un Mégalodon atteignant une longueur de 16 mètres aurait eu une tête d’environ 4,65 mètres de long, une nageoire dorsale de 1,62 mètre de haut et une queue d’environ 3,85 mètres de haut.
D’après l’équipe, l’estimation précise de la taille des différentes parties du corps du Mégalodon (ayant notamment montré que l’animal possédait un corps beaucoup plus trapu que les chercheurs ne le pensaient) constitue une étape fondamentale vers une meilleure compréhension de la physiologie de ce géant, et des facteurs intrinsèques qui ont pu le rendre vulnérable à l’extinction.
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
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