Au XVIIe siècle, une jeune femme malade et considérée comme un « vampire » a été enterrée en Pologne avec une faucille tranchante sur le cou et un cadenas autour de l’orteil gauche. Une récente reconstitution de son apparence révèle des éléments de son histoire et de son statut social. Bien qu’elle ait été enterrée en Pologne, des analyses chimiques de ses restes suggèrent qu’elle serait née en Scandinavie. Son squelette montre qu’elle souffrait de multiples maladies, dont un cancer.
Un enterrement étrange et des superstitions profondément ancrées
En 2022, des archéologues ont découvert la tombe d’une jeune femme, probablement issue d’une famille influente, enterrée de manière inhabituelle en Pologne. À côté de son corps, une faucille tranchante avait été placée sur son cou et un cadenas attaché à son gros orteil. Les archéologues ont vite compris que les villageois du XVIIe siècle l’avaient enterrée avec ces objets pour empêcher son corps de se réanimer et de les hanter.
Selon Oscar Nilsson, l’artiste médico-légal qui a réalisé sa reconstitution, l’intention des villageois était de l’empêcher de revenir sous la forme d’une « stryge », un démon similaire à un vampire, selon les croyances locales. Le mauvais esprit de la défunte pourrait s’emparer de son corps et causer des malheurs aux vivants. Le cadenas était censé retenir la « bonne âme » de la défunte dans son corps, mais il a été retrouvé ouvert.
Le cimetière abritait de nombreuses tombes de « déviants », des personnes traitées différemment dans la mort, souvent en raison de croyances superstitieuses, comme des criminels ou des revenants. Des objets tels que des pierres ou des cadenas étaient placés pour éviter toute résurrection.
「ピエンの吸血鬼(Pień vampire)」と呼ばれてる17世紀に埋葬された女性の復顔https://t.co/ybGzvGsyen
— ゆきまさかずよし (@Kyukimasa) November 27, 2024
ポーランドのPień村の墓地に埋葬されていたで若い女性で、首に草刈り鎌の刃が当てられて足には南京錠がかけられていて、吸血鬼の復活を防ぐまじないと考えられる pic.twitter.com/dFkLegAX4d
Une jeune femme malade, perçue comme une menace
Malgré son enterrement macabre, la jeune femme était probablement issue d’une famille noble ou aisée. Lors des fouilles, les archéologues ont retrouvé des morceaux de soie et un ruban en brocart d’or, des matériaux réservés aux classes supérieures. Cela suggère qu’elle appartenait à une famille de haut rang, peut-être une famille aristocratique. Selon Maria Cybulska, experte en textiles, le style du ruban date du XVIIe siècle, ce qui indique que la femme a vécu pendant la guerre de Trente Ans. La reconstitution de sa tenue a été réalisée par Anna Silwerulv, assistante de recherche au musée Vasa de Stockholm, qui a conçu des vêtements reflétant son statut élevé.
L’analyse de son squelette a révélé qu’elle était âgée de 18 à 20 ans et mesurait environ 1,62 mètre au moment de sa mort. Les signes visibles sur son squelette indiquent qu’elle souffrait de diverses maladies débilitantes. Elle avait un cancer douloureux du sternum, des anomalies sur ses vertèbres cervicales liées à une condition appelée anomalie de Kimmerle, qui peut entraîner des évanouissements et des AVC, et des marques de malnutrition pendant son enfance, comme l’indiquent les lignes de Harris retrouvées sur ses os.
Selon Nilsson, ces problèmes de santé ont pu être à l’origine de la peur et de la stigmatisation de la jeune femme par sa communauté, la conduisant à être perçue comme une « menace » après sa mort.
La reconstitution
Oscar Nilsson a travaillé sur la reconstitution faciale de la défunte en utilisant une copie de son crâne. Grâce à des données sur la morphologie des jeunes femmes scandinaves, il a modélisé son visage en tenant compte de sa souffrance physique, notamment de la malnutrition et de ses maladies. Il a utilisé du silicone pigmenté pour la peau et des cheveux humains pour donner vie à l’image.
Des tests ADN n’ont pas permis de déterminer la couleur de sa peau, de ses yeux et de ses cheveux, mais des analyses isotopiques suggèrent une origine du sud de la Scandinavie, probablement de Suède. D’après ces analyses, Nilsson a imaginé ses yeux bleus, ses cheveux blond foncé et sa peau pâle.
Bien qu’il soit impossible de ressusciter cette femme, Nilsson la représente comme une personne vigilante, sur ses gardes, regardant par-dessus son épaule. L’objectif de cette reconstitution est de rendre à cette femme non seulement son apparence, mais aussi sa dignité humaine. Nilsson explique que cette femme, comme de nombreuses autres personnes stigmatisées, a été mal comprise et injustement traitée, ce qui a mené à son traitement posthume comme un monstre. Pour rappel, une sépulture médiévale d’enfant « vampire » a été découverte en Pologne.