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Les auteurs de violences conjugales peuvent contrôler vos appareils : comment se protéger ?

« Croire qu’on peut ainsi violer l’intimité de l’autre, c’est faire de lui non pas un sujet de la relation, mais un objet »

Nous sommes nombreux à penser inconsciemment qu’il ne devrait pas y avoir de secret dans un couple. Ne dit-on pas souvent que la base d’un couple c’est la confiance ? Et pour défendre cet idéal, beaucoup d’entre nous vont très loin dans le but, soit de confirmer qu’il/elle peut avoir confiance envers sa moitié, soit, dans le cas contraire, de prouver qu’il/elle ne la mérite finalement pas. Où sont les limites de la curiosité et de la jalousie et où commencent les abus ? C’est ce que le Daily Geek Show vous propose de découvrir dans ce dossier.

En quoi la technologie peut-elle être associée à de la violence domestique ?

Dans un article paru le 6 avril 2020, The New York Times explique que la violence domestique ne consiste pas seulement en des violences conjugales qui se traduisent par des violences verbales ou encore des coups et blessures. Elle se manifeste aussi par le simple fait que l’on veuille espionner notre partenaire.

La curiosité et la jalousie peuvent bel et bien exister au sein du couple. D’ailleurs, selon les chiffres d’Ooreka, seulement 46 % d’entre nous avouent avoir déjà espionné son/sa partenaire en fouillant son téléphone ou en allant « infiltrer » ses comptes sur les réseaux sociaux. Une curiosité suscitée par la sonnerie d’un SMS arrivant à une heure avancée dans la nuit, une réponse ou une parole inattendue qui réveille un doute, beaucoup de choses peuvent servir d’étincelle à notre désir de connaître notre partenaire en profondeur. Le thérapeute Robert Neuburger explique dans un article de Madame Le Figaro :

Si les gens commencent à regarder dans les affaires de l’autre, ils ont en général de bonnes raisons. Ils sentent que quelque chose ne va pas. C’est préférable d’aller regarder dans les affaires de l’autre plutôt que de rester dans un doute angoissant. Si vous questionnez votre conjoint directement, il va mentir. Si le premier flaire que quelque chose cloche, c’est que l’autre a probablement déjà brisé la confiance.

― panitanphoto / Shutterstock.com

Pour espionner son/sa partenaire, chacun sa technique !

A bien y réfléchir, c’est incroyable comme notre désir de découvrir les secrets de notre compagnon ou de notre compagne peut susciter notre imagination et nous rendre très impliqué(e). Plusieurs témoignages recueillis par le site ELLE et Madame Le Figaro nous révèlent que beaucoup d’hommes et de femmes font appel à la technologie pour espionner leur partenaire. Pourquoi ? Parce que c’est facile et que c’est plus abordable que de faire appel à un détective privé.

Parmi les exemples d’espionnage, il y a les personnes qui lisent les messages privés de leur partenaire quand celui-ci/celle-ci l’oublie sur la table. D’autres ont recours à des applications comme SpyBubble, Mobile Spy, mSpy ou à des keyloggers pour s’infiltrer sur l’ordinateur de leur partenaire, fouiller ses mails et avoir l’œil sur tout ce qu’il/elle fait quand ils ne sont pas ensemble.

Certains en viennent même à regarder les relevés d’appels téléphoniques et les relevés bancaires de leur partenaire ou même à mettre un GPS sur le véhicule de leur partenaire pour suivre ses déplacements au kilomètre près.

Beaucoup reconnaissent le caractère malsain de la chose

Abdel Bounane, un chroniqueur numérique sur Canal+, a expliqué qu’« une nébuleuse de petits développeurs a mis ces technologies, inventées pour l’espionnage économique, à la portée du grand public. Ce sont des ‘malwares’ créés dans l’intention de nuire, mais leurs sites ont l’air inoffensifs et ils sont très faciles à utiliser. »

La sexologue Mireille Dubois-Chevalier alerte également sur le fait que « l’idée que c’est normal de le faire puisque techniquement on peut le faire est en train de s’imposer. C’est un effet pervers de ces technologies et de la banalisation de la surveillance (…) Croire qu’on peut ainsi violer l’intimité de l’autre, c’est faire de lui non pas un sujet de la relation, mais un objet. C’est nier sa part de mystère. L’autre nous échappe à tout instant, car il est radicalement autre. Quand on n’est plus dans le respect de cette altérité, mais dans la possession, la relation est en danger. »

― fizkes / Shutterstock.com

Comment se sortir de cette situation ?

On ne va pas se mentir. Nous sommes nombreux(ses) à avoir des moments de doute (justifiés ou non) et à craindre que notre partenaire puisse nous tromper ou finalement ne pas vraiment nous aimer. Toutefois, espionner notre partenaire n’est pas la solution. Non seulement, cela risquerait de se retourner contre nous – que faire si nos doutes sont justifiés ? – et que, pourtant, on ne pourrait pas en discuter avec notre partenaire sans nous faire à notre tour griller.

Il ne faut effectivement pas oublier que l’espionnage constitue une violation de la vie privée – oui, votre partenaire en a une, même si vous êtes en couple – et que ça risquerait ainsi de détruire votre confiance en l’un et en l’autre. Il se peut également que vous vous fassiez de fausses idées sur les personnes qu’il/elle fréquente ou, carrément, que ce que vous imaginez n’est pas ce qu’il se passe dans la réalité.

Alors, en cas de doute, ne vaut-il pas encore mieux en discuter à cœur ouvert avec son partenaire ?

Par Arielle Lovasoa, le

Source: The New York Times

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