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La recherche de vie extraterrestre se heurte à un nouveau défi

Certaines molécules considérées depuis longtemps comme étant d'origine biologique pourraient ne pas l'être en réalité

Vie Extraterrestre
— Yuriy Mazur / Shutterstock.com

Pour les astronomes, la méthode la plus probable pour découvrir la vie sur une exoplanète lointaine consiste à identifier des « biosignatures », des indices chimiques qui suggèrent la présence de processus biologiques. Une découverte récente effectuée en laboratoire remet en question certaines certitudes établies, obligeant les scientifiques à repenser la façon dont ils identifient la vie sur d’autres planètes. 

La remise en question de certaines molécules clés

Les biosignatures peuvent être décelées en analysant le spectre atmosphérique d’une planète, c’est-à-dire en étudiant les longueurs d’onde de lumière émise ou absorbée par les molécules dans l’atmosphère. Certaines molécules, telles que l’eau ou l’oxygène, sont souvent étudiées dans cette quête. En effet, sur Terre, la présence d’oxygène dans l’atmosphère est en grande partie due aux organismes vivants.

Cependant, la tâche n’est pas si simple. La présence d’eau ou d’oxygène seule ne constitue pas une preuve irréfutable de vie. Des processus non biologiques, tels que des réactions géologiques, peuvent également produire ces molécules en grande quantité. Par conséquent, les scientifiques cherchent à identifier des molécules plus complexes et spécifiques à des activités biologiques. Mais là encore, des défis subsistent.

Jusqu’à récemment, les scientifiques pensaient que certaines molécules étaient exclusivement produites par des organismes vivants. Une de ces molécules est le sulfure de diméthyle, ou DMS (CH3)2S, qui, sur Terre, est principalement produit par le phytoplancton dans les océans. En raison de cette association exclusive avec la vie biologique, le DMS était considéré comme un excellent candidat pour être une biosignature fiable.

Titan et les implications pour la recherche extraterrestre

La nouvelle étude a révélé que le DMS pourrait également être produit par des processus abiotiques, c’est-à-dire sans intervention de la vie. En recréant certaines conditions dans un laboratoire, les chercheurs ont réussi à synthétiser du DMS et d’autres molécules soufrées en l’absence d’organismes vivants. Bien que cette expérience ne prouve pas nécessairement que ce phénomène se produit naturellement sur d’autres planètes, elle montre que des molécules comme le DMS peuvent potentiellement se former par des processus non biologiques.

Cette découverte prend une dimension encore plus intéressante lorsque l’on considère un monde comme Titan, la lune de Saturne. Titan est entourée d’une épaisse atmosphère riche en composés organiques complexes et recouverte d’une brume orangée. Selon cette nouvelle étude, dans des conditions spécifiques, comme une plus grande proximité avec une étoile semblable au Soleil, Titan pourrait produire du DMS dans son atmosphère par des réactions chimiques initiées par le rayonnement ultraviolet. Si une civilisation extraterrestre observait une telle planète, elle pourrait interpréter la présence de DMS comme un signe de vie.

Cependant, malgré la présence possible de DMS, Titan resterait un environnement hostile et toxique pour les formes de vie que nous connaissons sur Terre. Cela remet en cause l’idée que la simple détection de cette molécule pourrait être une preuve concluante de la présence de la vie.

Un potentiel pour la vie exotique ?

L’un des aspects les plus intéressants de cette étude est qu’elle n’exclut pas totalement la possibilité que des mondes comme Titan puissent abriter une forme de vie exotique, différente de celle que nous connaissons. Bien que le DMS puisse être produit abiotiquement, sa présence dans l’atmosphère d’une planète pourrait tout de même indiquer un environnement favorable au développement de la vie. En effet, une atmosphère riche en composés organiques complexes, associée à des températures adéquates, pourrait offrir les conditions propices à l’émergence de la vie.

Ainsi, la détection de DMS ou de molécules similaires sur une planète lointaine pourrait signaler un fort potentiel pour la vie, même si cette dernière n’est pas de type terrestre. Cela ouvre la porte à des explorations plus larges concernant les types de vie qui pourraient exister dans des environnements différents de ceux que nous connaissons sur notre propre planète.

Cette étude met en évidence le fait que la découverte de la vie ailleurs dans l’Univers ne se produira probablement pas en un instant spectaculaire. Il est plus vraisemblable qu’au fil du temps, les scientifiques découvriront plusieurs planètes présentant des marqueurs chimiques intrigants, comme le DMS, qui suggéreront un potentiel pour la vie. À mesure que de nouvelles molécules biosignatures candidates seront identifiées, la communauté scientifique accumulera des preuves indirectes. Par ailleurs, sur Mars, Perseverance découvre une roche contenant des signes potentiels de vie extraterrestre.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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