Des chercheurs de l’université de Virginie-Occidentale ont pu identifier de minuscules vestiges de vie procaryote et eucaryote piégés dans des cristaux d’halite vieux de 830 millions d’années.
Une vie microbienne piégée il y a des centaines de millions d’années
Décrite dans la revue Geology, cette importante découverte a impliqué l’utilisation de la pétrographie par lumière transmise et ultraviolette pour examiner des cristaux d’halite (ou sel gemme) provenant des profondeurs de la formation néoprotérozoïque de Browne, en Australie. Bien que cette région soit aujourd’hui un désert, elle abritait il y a des millions d’années une ancienne mer grouillant de vie microbienne.
« Lorsque les cristaux d’halite se développent dans des eaux de surface salines, ils piègent l’eau parente dans des inclusions de fluides primaires », explique Sara Schreder-Gomes, co-auteure de l’étude. « Ils peuvent également capturer tous les solides se trouvant dans l’eau proche ou en contact avec la face du cristal. »
Certains de ces solides se sont avérés présenter des propriétés (taille, forme et réponse fluorescente à la lumière UV et visible) correspondant à celles des cellules procaryotes et eucaryotes, ainsi que de divers composés organiques.
« Plusieurs des cristaux utilisés dans cette étude présentent une concentration exceptionnellement élevée de micro-organismes et de composés organiques au niveau des inclusions fluides primaires [jusqu’à 40 % d’entre elles en contiennent] », détaillent les auteurs de l’étude. « Celles-ci permettent une préservation exceptionnelle de la matière organique sur de longues périodes de temps géologique. »
Des organismes potentiellement vivants
Selon l’équipe, ces organismes ont été piégés au moment précis où les cristaux se sont formés, il y a environ 830 millions d’années, et il se pourrait que certains d’entre eux soient encore vivants, survivant au sein de ces « micro-habitats » en se nourrissant de composés organiques ou de cellules mortes, qui fournissent les quantités infimes d’énergie nécessaires à un métabolisme très lent.
Si cette hypothèse peut paraître saugrenue, en 2009, des chercheurs de l’université de Pennsylvanie avaient découvert que des spores bactériennes piégées dans une inclusion fluide d’halite vieille de 250 millions d’années avaient survécu, et de nombreux organismes terrestres sont connus pour prospérer dans des environnements particulièrement inhospitaliers.
La confirmation que les micro-organismes présents dans l’halite ont bel et bien survécu aurait notamment d’importantes implications pour la recherche de vie présente et passée sur Mars. Les chercheurs précisant que de nombreuses formations sédimentaires martiennes s’avèrent similaires à celle de Browne et constitueraient par conséquent des cibles de choix.
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
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